Ça pue sans poils…

… et ça tient sans soutien-gorge

L’intensification thérapeutique qui a précédé l’autogreffe a comme effet secondaire, entre autres, la chute des cheveux. J’en avais été prévenue. Par un mécanisme que je comprends mal*, mes cheveux ne sont tombés qu’au bout de dix jours et, fort étrangement, la petite mèche que je porte devant depuis des années n’est pas tombée et il m’est resté quelques cheveux qui me donnent un air de poussin. Cela fait plus de deux mois maintenant, et la repousse semble amorcée. Cette alopécie ne m’a pas du tout traumatisée, peut-être parce que je porte les cheveux ras. Je regrette juste ma couette mais, d’ici deux ou trois mois, elle devrait refaire surface après quelques passages de tondeuse sur ce qui repousse.
D’emblée, je me suis interrogée sur la perte conjointe de mes poils (j’aurais dû aller lire la définition d’alopécie). Je n’ai pas posé la question car au moment où mes cheveux sont tombés, mes poils ne semblaient pas vouloir suivre le même chemin. Leur chute est intervenue avec quatre semaines de décalage. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, ce d’autant que cela a pris une bonne quinzaine de jours avant qu’ils disparaissent totalement d’abord au niveau des aisselles, puis du pubis et de la vulve. À cet endroit, les derniers sont tombés ces derniers jours ; par contre, à quelques centimètres, ceux du pli de l’aine sont toujours là. Vont-ils rester ? Suspense…
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, au niveau des aisselles, c’est la modification de mon odeur. Je me suis mise à puer, même après une bonne douche. Au début, j’ai pensé que mon corps exsudait enfin tous les toxiques des traitements. J’ai fait ensuite l’hypothèse que mes poils formaient jusqu’à présent un barrage olfactif : je ne mets plus de déodorant depuis des années et ne me suis jamais rasé quoi que ce soit à part la tête ; je n’ai pourtant jamais senti mauvais, même après une séance de sport. Je sais aussi que mon odeur dépend de mon alimentation d’ordinaire pauvre en viande et riche en épices, ce qui n’est pas le cas en ce moment.
Je pue donc en espérant que mes poils repoussent le plus vite possible. L’odeur n’est pourtant pas le pire. Le fait d’avoir un pubis prépubère me contrarie énormément. L’autogreffe de cellules souches m’a-t-elle à ce point rajeunie ? Je blague mais vraiment, sans que je ne sache exactement dire pourquoi, ce pubis de petite fille me fait presque horreur, son contact physique notamment. Mon kiné m’a dit que parfois cela ne repousse pas… Là, j’avoue que si c’est le cas, j’irai dire ma façon de penser à mon médecin hospitalier qui ne m’a pas prévenue. Cela n’aurait évidemment rien changé à mon choix de faire ce traitement ; mais quand même !

NB. Quant au sous-titre de ce billet, c’est juste pour remarquer que les injonctions à la féminité commerciale sont décidément trompeuses ! Il n’est pas plus besoin de mettre un déodorant quand on est poilue que de porter un soutien-gorge quand on a de gros nichons. Ils tiennent très bien tout seuls, foi de sexagénaire qui en porte de moins en moins !

* Si, j’ai compris ! Le Melphalan cible les cellules à reproduction rapide en leur indiquant de ne pas se reproduire, donc les cellules malades avec des dégâts collatéraux. Les cheveux ont une certaine durée de vie, les poils une autre. Ils tombent celle-ci atteinte ; et il faut ensuite le temps qu’ils oublient le message pour repousser.

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