Apparition

J’ai été hospitalisée fin septembre pour une autogreffe de cellules souches consécutivement à un passage au Karcher de ma moelle osseuse. C’est la suite logique du protocole de soins clinique que je suis, même si un tirage au sort m’aurait permis d’y échapper. J’ai totalement occulté la deuxième semaine de soins où j’étais en aplasie. C’est sans doute mieux ainsi, au moins pour l’instant. Il y a par contre quelque chose dont je me souviens très bien, c’est d’avoir eu des hallucinations (des apparitions ?) sous l’effet de la fièvre et de la morphine.
Une nuit, je me suis réveillée (ou pas) avec la conscience de la présence de quelqu’un dans ma chambre. J’ai tourné la tête et ai vu un homme qui m’a évoqué un patriarche chrétien sans la barbe blanche avec des traits de Touareg. Il avait un turban, un pantalon bouffant, une jupe peut-être, et de nombreux foulards sur le haut du corps. Il me parlait. Je n’entendais pas ce qu’il disait et quand je lui ai répondu, j’ai entendu ma voix et lui a disparu.
Je n’ai pas eu peur. Il était apaisant. C’est bien que je n’aie pas eu peur, car il est revenu plusieurs fois dans la nuit, là, debout, serein, qui veillait sur moi. J’ai signalé cette hallucination au médecin qui a changé la morphine. L’homme n’est pas revenu. J’ai eu parfois d’autres sensations de la présence de quelqu’un dans ma chambre, de parler pour m’en assurer et que personne ne me réponde. Peut-être était-ce lui ou quelqu’un d’autre…
Je pense que cette représentation est liée au fait que pendant cette semaine les personnes entrant dans ma chambre étaient coiffées d’une charlotte, portaient gants et surblouses ; j’ai gardé l’image, elle ne me quitte pas.
Quelques jours plus tard, la veille de ma sortie, j’ai passé une nuit blanche à cause d’une pompe à perfusion qui a sonné en permanence. Le lendemain matin, la dame de ménage est entrée, très avenante. Elle m’a trouvée fatiguée, je l’étais, sans arriver à me reposer. Je lui dis. Elle m’a répondu qu’elle allait commencer le ménage côté fenêtre et quand elle aurait passé la porte, je dormirai. Quand elle a passé la porte, je dormais. Elle n’a pas chanté mais je crois que c’est le rythme du balai sur le sol et son grand cœur qui m’ont bercée.
Merci.

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