« Ah ! Paris, les Champs-Élysées, le Louvre, la tour Eiffel, les quais de Seine, le Moulin rouge, Notre-Dame, le musée Carnavalet, la place des Victoires, l’Hôtel de Ville, l’Arc de Triomphe, la fontaine des Innocents, les Grands Magasins, la Sainte-Chapelle, le théâtre du Châtelet, en face, celui de la Ville, l’obélisque de la Concorde, le palais du Luxembourg, la Sorbonne, la Madeleine, le pont Neuf, les Chevaux de Marly, le Champ-de-Mars, Saint-Eustache, l’avenue Montaigne, les Buttes-Chaumont, l’île Saint-Louis, la tour Saint-Jacques, la Bibliothèque nationale de France, l’opéra Bastille, la place des Vosges, feu La Samaritaine…
« On y trouvait tout, à La Samaritaine, comme à Paris : le Grand Palais, et le Petit, l’Olympia, la galerie Vivienne, le bassin de la Villette, l’hôtel de Soubise, le cimetière du Père-Lachaise, le jardin des Plantes, Beaubourg, les Invalides, le palais de Chaillot, le musée d’Orsay, le Panthéon, les Catacombes, la Grande Mosquée, l’horloge de la gare de Lyon, le périphérique, la Géode, le Sacré-Cœur, le pont Mirabeau, Chez Michou, la tour Montparnasse (…) »

Dans cet incipit de Quartier rose, il semble que j’ai oublié quelque chose : les bouquinistes ! Les voilà aujourd’hui sur le devant de la Seine (sic), le préfet de police ayant annoncé qu’il allait falloir démonter les fameuses boîtes vertes pour assurer la sécurité des quais pendant les Jeux olympiques. Sacrilège ! entend-on hurler de toute part ! Ce serait à l’âme de Paris à qui l’on s’en prendrait, les bouquinistes étant inscrits au patrimoine immatériel de France, tout de même !
J’en suis baba. Depuis quarante ans que j’habite Paris, ça doit être avec le musée Grévin la seule attraction culturelle que je n’ai jamais arpentée. Je ne vois dans ces bouquinistes que des commerçants qui proposent des lithographies et cartes postales fabriquées à la chaîne dans les pays du Sud, des livres faussement poussiéreux et autres Tours Eiffel en toc, et qui encombrent les trottoirs sans aucune considération pour le chaland. J’ai d’ailleurs récemment évité de peu le vol plané à la descente du 58 place du Châtelet, un intouchable bouquiniste ayant décidé que son chevalet vide était en bonne place à côté de l’arrêt.
On me rétorque que ces « amoureux du livre » proposent des exemplaires rares, tellement rares j’imagine qu’ils n’ont aucun problème pour les laisser dans de pauvres boîtes en bois fermées par de simples cadenas au pays d’Arsène Lupin. On mesure d’ailleurs bien la rareté des ouvrages sur la photo illustrant cet article de paris.fr où la ville apporte son soutien à ces gentils commerçants qui, j’imagine, n’acceptent que du liquide, ce qui… je m’arrête là, je ne voudrais pas être poursuivie en diffamation.
Vous l’aurez compris, je ne défendrai pas les bouquinistes et si par hasard leurs boîtes restaient au placard après les Jeux olympiques je ne m’en plaindrais pas en plus que cela permettra de respecter les directives du code de la rue. Quant à celles et ceux qui aiment les livres anciens et rares, je les invite à visiter le marché installé le long du square Georges Brassens sous l’ancienne halle aux chevaux. Ils y trouveront à coup sûr leur compte.