Portefeuille

Sur un réseau social local, je lis régulièrement des publications ou des personnes indiquent avoir été dépouillées, ou avoir perdu, leur portefeuille ou sac à main « avec tous leurs papiers ». Cela m’étonne toujours, pas que l’on se fasse voler ou que l’on perde, mais que l’on se retrouve démuni de « tous ses papiers ». Quel besoin a-t-on de transporter avec soi des choses aussi précieuses, parfois difficiles à refaire, et dont le vol ou la perte peuvent exposer à de nombreux désagréments dont des usurpations d’identité, surtout s’ils y sont « tous » !
Mon portefeuille, que je glisse dans une poche, ne contient que ma carte de transport, ma carte bleue, ma CMI, ma carte de citoyenne parisienne et, ces temps-ci parce que j’en ai souvent besoin, ma carte vitale. Mais jusqu’à l’année dernière, celle-ci restait gentiment à la maison avec mon passeport et d’autres papiers importants. C’était également le cas de ma carte d’invalidité, dont le changement de format et la possibilité d’en refaire me facilite la vie.
Alors, bien sûr, quand je sais que je vais en avoir besoin, je peux prendre ma pièce d’identité, ma carte de mutuelle, mon chéquier, ou tout autre document que l’on peut me demander. Et quand je n’ai pas de pièce d’identité parce que je n’ai pas imaginé en avoir besoin, j’ai remarqué qu’il est toujours possible de s’arranger, ou alors, de reporter la démarche en cours. Je remarque aussi que les plus accros à la pièce d’identité ne sont pas les services de l’État, mais les gentils commerçants… Souvent, leur demande est abusive. Il m’est donc arrivée de renoncer à un achat parce qu’on me demandait de justifier de mon identité là où j’estimais que ce n’était pas nécessaire.
Je crois donc que de se passer de ses papiers, et n’en transporter que le minimum, est finalement un acte de résistance à cette idée que l’on devrait être capable à tout moment de justifier de son identité, et de disposer de tout ce dont on pourrait avoir besoin sur soi. Je ne sais pas si c’est une vieille réminiscence de ces années noires ou il fallait effectivement disposer d’un Ausweis pour pouvoir circuler sur le territoire. C’est en tout cas un moyen de coercition parmi tant d’autres, quand on mesure aujourd’hui l’importance des papiers pour toutes les personnes qui n’en ont pas. Et finalement, la complexité de les refaire pour ceux qui n’ont a priori pas ce genre de problème est aussi un moyen de leur montrer que l’État est le plus fort, que le citoyen doit se soumettre à son autorité. Voilà d’autres bonnes raisons que la taille et le poids de mon porte-carte pour que je résiste à cela et vous invite à le faire.