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Je ne suis pas très friande de renouer des liens quand j’ai perdu des personnes de vue depuis très longtemps, notamment celles que j’ai pu fréquenter dans ma vie de jeune adulte ou d’adolescente. J’ai tendance à penser que si l’on s’est perdus de vue c’est que la relation devait s’éteindre : nos vies sont suffisamment longues pour que certaines périodes ne puissent pas s’investir les unes les autres, surtout durant les jeunes années, les évolutions personnelles et sociales y étant très importantes.
S’ajoute à cela le fait que j’ai fort peu de souvenirs de mes années passées même les plus récentes. Je ne sais pas si c’est lié au fait que je ne collectionne pas les photos ou si c’est un choix inconscient… C’est peut-être un trait de ma personnalité, avec comme élément marquant que je me souviens très facilement de ce que j’ai mangé, beaucoup moins de ce que j’ai fait. Cela me rappelle d’ailleurs à l’instant des quenelles lors d’un déjeuner avec maman au sud de Lyon alors que nous étions sur le trajet Dijon Lunel il y a sans doute près d’une cinquantaine d’années… Passons.
Je ne sais pas si c’est l’âge ou la maladie, je remarque que j’ai une petite tendance à revenir ces temps-ci sur des évènements passés, plutôt lointains, notamment dans ma quête de ces pensées qui m’apaisent au moment de m’endormir. Depuis quelques jours par exemple je repense à une jeune fille que j’ai rencontrée en résidence universitaire et qui a dû me trouver fort niquedouille à me faire des signes du côté de l’homosexualité sans que je ne réagisse. Je me souviens qu’elle m’avait emmenée à La Champmeslé, dans une boîte de nuit de garçons, qu’il y avait toujours une fille dans sa chambre… Et je n’ai compris cela que quelques années plus tard.
Dans cette pensée qui m’apaise pour m’endormir, je m’imagine la retrouver aujourd’hui. C’était une fille particulièrement brillante et elle a beaucoup contribué à me faire comprendre des choses du côté du féminisme et de la lutte antiraciste. Je la trouvais également très belle. Je suis sûre qu’elle a gardé toutes ses qualités. Dans mes pensées, on s’étreint avec émotion dans des retrouvailles inattendues. Son prénom est suffisamment rare pour que je n’en garde que l’initiale. Merci O de m’apaiser aujourd’hui pour me permettre de m’endormir avec un si joli rêve : ton sourire.

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