Business is business

À l’occasion d’un nettoyage musclé, la touche « Z » de mon clavier ne fonctionnait plus. Ce n’était pas très pratique, mais je m’en accommodais. Dans le même temps, la posture devant mon bureau avec mon ancien clavier n’était pas compatible avec l’opération de mes cervicales. Le paradoxe veut que je saisis du texte avec mes dix doigts (j’ai appris au lycée) tout en connaissant parfaitement mon clavier ; pour autant, je ne cesse pas de le regarder…
La première solution trouvée (par Frédéric) a été de coller sur le clavier des petits autocollants avec les lettres en gros caractères. Cela ne fonctionnait pas mal, mais cela s’est vite effacé. Et il y avait ce foutu « Z »… Je me suis ensuite équipée d’un collier qui relève le menton avec l’idée de perdre l’habitude de baisser la tête ; trop inconfortable.
Au mois de juillet, j’ai décidé de changer mon clavier et d’acheter un clavier gros caractères. J’avais jusqu’alors renoncé car ils sont particulièrement chers (165 euros en moyenne pour un clavier étendu), et s’ils sont annoncés compatibles Mac, ils n’ont pas le confort d’un clavier Apple ; les touches sont plus épaisses, il ne suffit plus de les effleurer pour qu’elles s’activent.
Parmi les nombreuses entreprises qui vendent du matériel adapté, matériel qui vaut toujours très cher sans que cela ne se justifie forcément, j’ai choisi une entreprise qui n’est pas loin de chez moi et dans laquelle se fournit une amie aveugle. Tant qu’à faire, autant soutenir le commerce local. J’en ai profité pour leur indiquer que je viendrai chercher le clavier, ce qui leur permettait d’économiser la livraison qui était comprise dans le prix.
Après un petit cafouillage à la livraison, j’ai récupéré mon clavier qui est effectivement compatible Mac, mais dont certaines touches ne font pas ce qu’elles sont censés faire. Par exemple, la touche « @ # » produit « < > » ; et inversement. Je remarque également que les fonctions associées aux touches de fonction ne sont pas les mêmes qu’un clavier Mac, et que certaines fonctions ont disparu. J’ai pu en reprogrammer certaines, pas toutes.
J’ai envoyé un mail à l’entreprise pour lui dire mon mécontentement. Elle n’a pas jugé utile de me répondre. Je n’ai jamais eu confiance dans les commerces spécialisés dans les produits adaptés (depuis l’époque où il fallait en passer par là pour avoir un téléphone utilisable DV). Je l’ai déjà dit, ce qu’ils vendent est cher ; j’ai la preuve aujourd’hui que le prix payé ne vaut pas la qualité de service ni la spécificité du produit. Le même est disponible chez Amazon à 130 € ; d’autres claviers compatibles Mac sont disponibles à partir de 50 €.
En d’autres temps, on m’a proposé des téléagrandisseurs à 5000 euros ou des loupes électroniques à 1000 euros ; jolis produits, certes, mais surdimensionnés et peu pratiques (fort encombrement, intransportables, etc.). J’ai vu également varier le prix du même monoculaire de 30 € à 500 € et d’une paire de solaires de 25 € à 250 € pour le même service rendu.
Le handicap est un marché, un business ; ce n’est pas un scoop mais je remarque toujours que le discours d’inclusion embobine les uns et les autres. Je le remarque notamment chez les élus parisiens qui se tapent le ventre dès qu’un commerce propose un produit ou un service pour les handicapés. L’exemple récent d’une libraire qui vend des livres en gros caractères est édifiant : des retours média dithyrambiques sans que jamais ne soient évoqués le prix des livres et la petitesse des catalogues.