Dans le cadre de ma revue de presse pour la page Facebook de Genespoir, l’association française des albinismes, je tombe sur un article dont le titre m’interpelle : « Des aveugles et malvoyants auprès de téléconseillers EDF pour « mieux écouter » les clients ». Cet article est malheureusement réservé aux abonnés mais les quelques lignes en accès libre suffisent à prendre la mesure de l’absurde. A-t-on en effet besoin d’être déficient visuel pour, je cite, « mieux accueillir les émotions des clients et d’améliorer la qualité des interactions téléphoniques » ?
Cela suppose de considérer qu’il suffit d’être aveugle ou malvoyant pour savoir écouter les autres, et que pour un déficient visuel, c’est presque un prérequis. Je sais que l’expérience individuelle porte à développer des aptitudes particulières, et notamment l’analyse sonore pour une personne déficiente visuelle. Pour autant, disposer d’une bonne capacité d’analyse sonore ne présage en rien d’une bonne capacité à gérer le stress d’un client au téléphone ou de le faire revenir vers plus de sérénité. C’est aussi absurde que de penser qu’un sourd va par nature faire de belles photos et qu’un IMC pourra initier le monde au pointillisme !
Je pourrais me consoler en me disant que ce n’est pas grave, que si les valides sont assez idiots-bêtes pour penser qu’il suffit d’être aveugle ou malvoyant pour être un bon téléconseiller, cela donne du travail à des déficients visuels dont on sait que le taux d’emploi est très faible. Les quelques lignes de l’article nous indiquent qu’il s’agit de bénévoles de l’association Valentin Hauy. EDF n’est-elle pas une entreprise commerciale qui a les moyens de payer des personnes pour former son personnel ? Nous passons du cliché validiste à l’exploitation la plus pure.
Je m’en indigne.