La chienlit

Ce mardi 28 mars 2023 a lieu la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Chacun a remarqué l’intransigeance du chef de l’État face à la mobilisation syndicale et citoyenne à laquelle a répondu une montée des violences durant les manifestations. D’un côté, les forces de l’ordre dénoncent des groupes armés et mobiles… De l’autre, circulent des images, des enregistrements, des témoignages où des policiers abusent de violences verbales et physiques à l’égard de manifestants que rien n’identifie comme menaçant directement l’ordre public ou la sécurité des personnes et des biens.
Le ministre de l’Intérieur, bien sûr, ne peut pas avaliser cette thèse. Mais l’accumulation de ces violences policières et le contexte sociopolitique qui les accompagne portent une question centrale : pourquoi le président de la République a-t-il délibérément mis de l’huile sur le feu dans son interview télévisée du 22 mars, justifiant sa réforme et ses méthodes d’arguments d’autorité sans même prendre la peine de mobiliser cette majorité silencieuse censément le soutenir ?
C’est étrange, non ? Je n’ai pas toutes les clés pour comprendre, mais je remarque que ce président aime exprimer sa toute-puissance, qui n’a rien à voir avec sa fonction élective, dans un discours martial et fat où l’intérêt général se réduit à servir le Grand Capital… Souvenons-nous de l’état d’urgence sanitaire mis en place pour faire barrage au Covid-19. N’a-t-il pas parlé d’emblée de guerre, se positionnant en chef d’armée intrépide qui va sauver la France, ne faisant au final pas grand-chose d’autre que de nous confiner ce qui ne mérite pas d’en tirer gloire ?
J’allume ma télé et je vois une quinzaine d’hélicoptères de la gendarmerie nationale survoler un champ, puis de bons petits soldats courir dans tous les sens avec des blindés pour accueillir les manifestants contre les mégas bassines de Sainte-Soline. 3200 gendarmes pour 5000 manifestants annoncés, en rase campagne. Un tel déploiement répressif est-il nécessaire au maintien de l’État de droit ? Je ne peux y croire, autre chose est en jeu.
Quoi ?
Imaginez… Des manifestations qui dégénèrent de plus en plus, la multiplication de dégradations, des feux de poubelles, des barricades, des manifestants mutilés, des policiers blessés, des réquisitions, des piquets de grève attaqués à la grenade, des syndicalistes tabassés, d’autres licenciés, le pays bloqué, plus d’essence, Rungis sans approvisionnement, des lycées occupés, le roi d’Angleterre bouté hors de France… la chienlit !
Vous avez déjà lu l’article 16 de la constitution de 1958 ? Je vous y invite. Vous pourrez compléter votre lecture de cet essai qui vous donnera quelques clés supplémentaires ; on le trouve facilement en occasion.