La blouse blanche, inhibiteur de la pompe à grenouilles ?

Lors de mon séjour à l’hôpital, j’ai eu des moments de grande faiblesse et ai dû me faire aider par des aides-soignants pour ma toilette. Le hasard a voulu qu’il se soit agi à chaque fois d’aide-soignant·e de sexe masculin. Sans que la morphine ne puisse être incriminée, je constate que cela ne m’a posé aucun problème. Il y a sans doute le fait que c’était tous des professionnels qui savent exactement comment agir pour ménager au maximum la pudeur du patient. Il y a également le fait que quand je suis dans la position du malade, le sexe du soignant m’importe peu.
Je sais qu’il existe des personnes à qui cela pose problème, pour des questions religieuses par exemple, ou tout simplement pour des questions d’intimité qui appartiennent à chacun. Je remarque d’ailleurs que l’on s’interroge toujours sur le soignant de sexe masculin face à la patiente de sexe féminin ; quid du patient de sexe masculin face à une soignante de sexe féminin ? C’est un peu comme si cette configuration était normale et n’interrogeait pas le respect de l’intimité des hommes ; à moins que l’intimité des hommes soit moins reconnue que celle des femmes ; ou qu’elle soit « inviolable » par la servante-soignante ? Je n’ai pas vraiment l’explication mais je sens bien qu’elle se trouve du côté de l’organisation genrée de notre espace social et de la domination masculine.
En réfléchissant à ces questions, je me suis rendu compte qu’en ce qui me concerne, le soignant n’a finalement pas de sexe (le fameux « neutre » cher au président de la République). L’essentiel de mes interlocuteurs à l’hôpital de jour ou à l’hôpital tout court sont des femmes. Mon homosexualité pourrait me porter à les regarder comme des objets de désir, ce d’autant que certains effets secondaires sont étrangement revenus au plus fort de l’asthénie. Mais non, même en cherchant bien, aucune de celles que j’ai croisées depuis presque un an, et j’en ai croisé beaucoup, ne m’a rien déclenché du côté du désir, même pas un simple « Tiens, elle est mignonne. » Et tout au long de ma vie (60 ans), cela ne m’est arrivé qu’une seule fois.
Je vais creuser encore ; cela m’intrigue.