Saint-Valentin : la propriété, c’est du viol !

Je profite de ce 14 février pour republier un Communiqué [+7] publié initialement sur mon site le 14 février 2018. La manifestation dont il est question à la fin n’existe pas cette année.

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« Que cela m’est insupportable, pas de ne pas avoir aimé Clarisse, mais de rompre l’illusion. »
Retour d’amour, manuscrit (2012).

Le 25 janvier dernier, l’infolettre numérique de la Ville de Paris affichait en une la possibilité, pour les Parisiennes et Parisiens, de « déposer [leurs] mots d’amour dans tout Paris ». C’est un marronnier : les panneaux d’information municipale diffusent en boucle des messages personnels à l’occasion de la Saint-Valentin, soi-disant « Fête des amoureux » selon un décret papal du XIVe siècle. La Ville de Paris valoriserait-elle ainsi une vision catholique de la relation amoureuse ? Quand on sait combien le catholicisme récuse l’amour hors mariage hétérosexuel, cette position se porte en faux avec la posture homophile de la Ville depuis que Bertrand Delanoë en a donné l’impulsion.
Qu’importe ! l’amour est plus fort que tout, paraît-il, et après les marchés de Noël et les cadeaux à gogo, les soldes passées, il faut bien que le commerce se refasse une santé en vendant du rose à foison, rose comme l’amour, rose comme un cœur, rose comme l’eau ensanglantée qui coule sous les ponts des violences sexistes. La cause en est profonde.
L’ordre bourgeois, hétérosexiste et raciste pose la propriété comme « but de toute association politique » aux côtés de la liberté, de la sûreté et de la résistance à l’oppression [Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, art. 2]. La résistance à l’oppression est peu valorisée par nos démocraties autoritaires, et la liberté de plus en plus galvaudée. La propriété, par contre, scelle l’ordre social quand la sûreté assoit l’ordre familial en en assurant la pérennité sur fond d’une consommation fondée sur l’accumulation de richesses et l’oppression des femmes.
La domination masculine croisée à la propriété favorise la propagation d’un discours amoureux où les femmes sont la propriété des hommes par le biais du mariage et du travail gratuit. Et inversement ? Eh bien non, justement, même si le discours amoureux semble exprimer une égalité des sexes en matière de possession de l’autre. La domination masculine consacre l’homme en tant que sujet de désir, la femme en étant l’objet. Et ainsi va l’hétérosexisme qui construit l’amour autour de la possession encouragée par le mariage et la société de consommation : il se fait alors violence, parce que ce que l’on possède doit obéir, se soumettre, être servile sous peine d’être frappé, violé, tué au besoin.
Il est urgent de briser la spirale et de faire basculer l’amour du côté de la liberté et de la résistance à l’oppression. Aimer, c’est permettre la liberté de l’autre, instaurer un partage équitable, considérer que le désir et le consentement font loi. En cette veille de Saint-Valentin, Cy Jung appelle à ne rien céder à la production de masse et au discours amoureux de possession en participant à la manifestation « Stop Féminicides à Paris : On ne tue jamais par amour ! » et au boycott de cette fête des amoureux de la consommation et des violences sexistes.

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