Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2024, un jeune homme a précipité dans le vide son père depuis un neuvième étage. J’ai vu passer l’info sur Le Parisien [article réservé aux abonnés] mais n’ai su qu’en fin d’après-midi que ce meurtre avait eu lieu dans notre « îlot », ces cinq cages d’escalier qui sont mon univers de locataire. C’est une voisine qui m’a raconté en m’indiquant que de nombreux voisins, témoins directs ou indirects, étaient très choqués. On le serait à moins. En discutant les jours suivants, je me suis rendu compte qu’aucune cellule d’urgence psychologique n’avait été mandatée par notre bailleur ou par la mairie pour prendre en charge la détresse et la souffrance des uns et des autres.
J’ai donc usé de mes fonctions de secrétaire de l’amicale de locataires pour écrire à mon agence de proximité et demander la mise en place rapide d’une cellule d’urgence. J’ai mis en copie l’élue responsable de l’habitat à la mairie d’arrondissement. Les choses sont alors allées très vite : dans les 24 heures, la Cump était mobilisée.
Je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants, mais j’ai compris que deux chaînes d’information n’ont pas fonctionné. La première entre la police et la mairie, la seconde au sein des services dont le premier maillon n’a pas mesuré l’impact possible de ce meurtre nocturne sur la santé psychologique des locataires. Une fois encore, je constate qu’il suffit parfois de pas grand-chose pour que l’action publique se mette en branle ou non. En ces temps troubles, notre vigilance au quotidien y prend toute son importance. Ne rien laisser passer, ne pas se dire que cela ne nous regarde pas, être attentif à la détresse des personnes… Il en va de notre citoyenneté, de notre humanité et, pour être très pragmatique, des résultats des prochains scrutins.