Avec Johnny (double champion de France FSGT en -73 kg), nous avons créé un club de judo que nous avons affilié à la FSGT. Contrairement à la Fédération française de judo (et sports associés) qui détient une délégation de service public pour l’organisation des compétitions nationales et internationales et la délivrance des grades, la FSGT est une fédération sportive multisport dont la mission première n’est pas d’engraisser ses dirigeants mais d’ouvrir la pratique sportive à toutes et tous. Il suffit de se pencher sur son histoire pour comprendre que l’engagement sportif de la FSGT est un engagement fondamentalement politique dans un sens qui me va bien.
J’imagine que la FSGT n’est pas en tout point exemplaire mais j’y ai plusieurs expériences qui avèrent que son histoire n’est pas qu’une histoire. La dernière en date me touche beaucoup (et me fait réfléchir à ma décision de renoncer au CQP). En tant que dirigeante du club créé avec Johnny, je reçois régulièrement le bulletin interne de la FSGT Paris sous la forme d’un lien vers un document lisible (pour les valides) en ligne (le genre qui s’affiche en mode image dans un lecteur dont le zoom est insuffisant). La chose est tellement habituelle que je n’avais pas réagi jusqu’au mois de septembre où, pour une raison que j’ignore, j’ai décidé de dire que je n’arrivais pas à lire.
J’ai reçu une réponse très rapide me proposant un PDF ou une version papier. J’ai expliqué en quoi le PDF n’était pas lisible, une version papier non plus. Mon interlocuteur m’a indiqué qu’il n’avait pas accès à la version texte, celle-ci ayant été injectée dans une maquette qui permettait de faire le super document en ligne. Notre discussion s’est arrêtée là : j’ai l’habitude de cette réponse que je comprends, les personnes qui diffusent les informations n’étant pas celles qui fabriquent les supports et, si la mise à disposition d’un fichier texte n’est pas anticipée par ceux-ci, elle devient impossible à obtenir.
Un mois est passé et j’ai reçu un mail de la FSGT avec un lien pour lire ce fameux bulletin en ligne. Je l’ai mis directement à la poubelle sans relancer mon interlocuteur, considérant qu’il avait déjà été réceptif et qu’il ne pouvait sans doute pas grand-chose pour changer les choses. Mal m’en a pris d’avoir une telle pensée désabusée ! Quarante-huit heures après avoir reçu ce premier mail, j’en reçois un second de mon interlocuteur qui m’envoie le bulletin en fichier texte. Alors là, franchement, c’est bien la première fois que quelqu’un prend la peine de se souvenir de ma demande à un mois d’intervalle, et d’anticiper la suite en se préoccupant de récupérer le texte correspondant aux documents publiés en ligne !
J’en suis baba. En plus de remercier chaleureusement mon interlocuteur, je fais ce billet pour que chacun sache que dans certains endroits, le discours sur l’inclusion n’est pas qu’un discours. La FSGT est de ces endroits ; et elle fait la preuve aujourd’hui que les arguments techniques n’en sont pas. L’accessibilité est toujours question d’anticipation : peu de personnes connaissent les bonnes pratiques ; et quand elles les connaissent, elles les appliquent rarement en se retranchant derrière des arguments techniques sans tenter de les dépasser, ce qui va bien au validisme ordinaire.
J’ai la preuve aujourd’hui qu’il est possible d’agir autrement, de reconnaître une demande, de la porter dans le temps, et que ce soit la personne valide qui fasse œuvre d’adaptation, retirant à la personne handicapée cette charge. Un grand merci à Michel du Comité de Paris de la FSGT. Je suis très émue de l’attention que vous avez portée à ma demande. Au fond de moi, je sais que ce que vous avez fait là devrait être « normal » (ce que vous me confirmez par mail) ; dans le contexte actuel de déni collectif de l’accessibilité comme un droit posé par la loi de 2005, votre attitude est exceptionnelle ! Merci.