Don de plaquettes

Je n’ai jamais donné mon sang. J’ai toujours eu peur que cela coule par le trou pratiqué par l’aiguille ; je suis un peu hémophobe et mon albinisme fluidifie mon sang. Les prises de sang à fins médicales m’ont toujours été source d’angoisse au point que je les ai transformées en « prises de croissants » en choisissant le laboratoire en fonction des boulangeries à proximité. Je pense que c’est lié à celles faites quand j’étais petite : vingt minutes de voiture, l’odeur du laboratoire, et le bruit du sang qui monte dans la seringue (siiiuuurppp). Les techniques de prélèvement ont changé. Il n’y a plus ce bruit…
En hôpital de jour, je passe du temps aux côtés de patients à pathologies diverses ; beaucoup d’entre eux ont besoin de plaquettes. Nous sommes trois par « box », ce qui grève l’intimité de chacun. On s’en accommode tous, avant tout préoccupés par l’arrivée de nos poches de perfusion ou de traitement. Et le point commun à toutes les personnes qui ont besoin d’une transfusion de plaquettes c’est qu’ils attendent… attendent… attendent… parfois plusieurs heures tant les plaquettes sont une denrée rare !
Le service a beau anticiper leur venue, les « plaquettes compatibles » ne sont pas toujours disponibles le moment venu. Les personnes concernées sont d’un flegme (apparent) qui m’émeut ; les plaquettes viendront. Nous sommes dans « le plus grand hôpital d’Europe » et les poches manquent. Qu’en est-il ailleurs, partout où des personnes ont besoin de plaquettes, ou tout simplement de sang ? J’ai été perfusée pour la première fois de ma vie lors de la chirurgie cervicale qui a sauvé ma mobilité. J’ignore qui a donné son sang pour permettre cette intervention… et regrette vraiment de ne jamais avoir su passer outre mes angoisses pour donner le mien.
Si vous n’êtes pas trop phobique, je vous remercie par avance de pallier mes propres insuffisances et donner régulièrement votre sang, vos plaquettes, votre moelle… et tout ce que vous voudrez ! Je ne peux plus le faire maintenant que cela me fait moins peur, la maladie l’exclut. Je compte sur vous.