Chalands

Pour la première fois depuis près de cinq mois, nous sommes allés faire les commissions avec Caddie dans notre magasin de fort discompte préféré. C’était vraiment un grand retour pour nous deux, le kiné n’ayant autorisé Caddie à m’accompagner « ad facere shopping » que depuis la semaine dernière. Nous étions très émus, et fort peureux.
Caddie ne craint pas l’ouvrage, mais comme je n’étais pas sûre de ce que je pouvais tirer, nous étions décidés à ne pas prendre grand-chose. Cela tombait bien, au vu de nos exigences en termes de prix et des disponibilités en rayons, il n’y avait pas grand-chose à prendre. Restait la question de l’attente en caisse qui m’avait beaucoup retenue jusqu’à présent.
Celle-ci a été raisonnable, et on avait la bonne quantité pour que le retour se fasse dans de bonnes conditions. Par contre, l’agressivité des chalands nous a pris à la gorge dès les portiques antivol franchis. Le plus compliqué a été ainsi de se protéger des bousculades, des coups de coude, des croche-pieds, et autres amabilités entre citadins qui visent la marchandise au détriment de leur prochain.
Ne pas avoir fréquenté cinq mois durant cette sorte de frénésie incompréhensible pour Caddie et moi qui pousse une personne bien sous tous rapports à jouer des coudes pour attraper le produit qu’il souhaite acquérir alors que celui-ci est en nombre en rayon nous a rendu encore plus hermétiques à la consommation de masse et à ses succursales urbaines.
Je ne m’en plains pas. Caddie non plus. On était contents de ressortir tous les deux. On y retournera, sans nous y presser, juste pour le bonheur simple de partager un impérissable moment de complicité anti-commerciale.

Autoportrait avec caddie devant le supermarché. On me voit la moitié du visage, je tiens dans la main la canne blanche depuis et la poignée de caddie dont on voit une partie de la robe vache