L’accident autoroutier provoqué par Pierre Palmade a fait couler beaucoup d’encre, de larmes et de sang. Il a fallu quarante-huit heures pour que du statut de victime il passe à celui d’auteur, opposant ceux qui plaident son incarcération sur fond d’homophobie plus ou moins larvée contre ceux qui, « quand même », excusent la star consommatrice de stupéfiants. Cet épisode finalement très ordinaire de violence routière a permis d’évoquer les conséquences délétères de la conduite après consommation de psychotropes définis comme « Substance qui agit chimiquement sur l’activité mentale ». Cela a-t-il eu une utilité ?
Je remarque que la consommation d’alcool au volant dénoncée depuis très longtemps reste la première cause des accidents mortels (31 %) devant la vitesse (25 %). La consommation de drogue, également interdite et sanctionnable, est la cause de nombreux accidents et représente 21 % de la mortalité routière. Et qu’en est-il de la consommation de neuroleptiques prescrits sur ordonnance ? 3 % à 4 % des accidents mortels, nous dit la sécurité routière. Même si l’on sait que certains conducteurs cumulent deux voire trois types de consommation, on peut raisonnablement conclure que ces consommations sont particulièrement délétères à la sécurité routière.
Le phénomène est tel et suffisamment connu, et coûteux pour la société, pour que l’on puisse se demander pourquoi il semble impossible de l’endiguer. La répression fait clairement la preuve de son inefficacité ; le moralisme également. Alors ? À qui profite le crime ? Je ne sais pas. Je remarque juste qu’à aucun moment, dans « l’affaire Palmade » la question a été posée de pourquoi 5 millions de personnes consomment quotidiennement de l’alcool et 900 000 du cannabis ; pourquoi « 21 % de la population âgée de plus de 15 ans se voit prescrire des médicaments psychotropes au moins une fois par an »…
La question peut être étendue à toutes les violences, notamment conjugales. Cela me laisse dubitative : on connaît les causes de nombreuses violences mais il n’en est jamais question, comme si la société avait intégré cette violence sous dépendance comme inéluctable, valorisant toujours l’alcool, acceptant le démantèlement des services de psychiatrie et de lutte contre les addictions. Est-ce le pendant d’une société qui considère la « consommation de masse » comme seul but à atteindre, privilégiant l’accumulation pour produire de la joie au plus grand bénéfice de l’ultralibéralisme ? Le bonheur. C’est vrai, ce n’est pas facile et cela n’a aucune valeur monétaire. Et pourtant…