Puanteur

Je ne suis pas très friande de petites phrases sorties de leur contexte, mais il y en a quand même qui ne m’épargne pas. Il en est ainsi de cette déclaration de la Première ministre à propos des mouvements de grève accompagnant la contestation sociale contre la réforme des retraites : « Les plus pénalisés, quand il y a des grèves, ce sont les plus modestes ».
J’avais lu quelques jours plus tôt l’information selon laquelle la Première ministre est millionnaire. J’imagine volontiers qu’entre sa fonction et sa fortune, les grèves ne la pénalisent pas. D’un point de vue politique, cela ne la pénalise pas non plus parce que cela lui permet d’adopter la posture de l’apaisement, de l’ordre, de la France qui travaille contre la France qui fait grève.
C’est évidemment dans ce contexte qu’elle instrumentalise les plus démunis et les plus précaires, mettant l’accent sur ce que la grève peut avoir de conséquences sur leur quotidien. Nous avions déjà eu droit à l’automne et à Noël à ces méchants syndicalistes qui empêchaient les gens de partir en vacances ou qui vidaient le réservoir des Français qui avait besoin d’aller travailler.
Je ne sais pas finalement pourquoi cette phrase m’a plus choquée que d’autres, sa vulgarité est absolue. Elle pue tellement la contemption et la bourgeoisie libérale que non, vraiment, je refuse de ne pas m’en indigner. Je sens aussi qu’elle me radicalise. On entend beaucoup parler depuis quelques jours d’une augmentation de la violence au sein du mouvement de contestation, violence qui fait écho à la fermeture du dialogue social par le gouvernement et le président de la République.
Une telle phrase est-elle de nature à me donner envie d’y basculer ? Je le crains.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.