Ce matin (7 décembre), après huit jours d’une irréductible baisse de la température chez moi et un record (pour cette année) à 16,8°, j’ai décidé de mettre en route mon chauffage. J’ai la chance d’avoir une chaudière individuelle au gaz de ville, plutôt récente, des fenêtres toutes neuves, et le soleil de 11 heures à 14 heures en hiver. Il est presque midi, il fait déjà 18,3°. Une étuve !
Je regrette vraiment de devoir ainsi céder à l’usage d’une énergie fossile. Je ne vois guère d’autre solution. Je ne serais pas plus heureuse avec un chauffage électrique tant l’innocuité climatique du nucléaire est de plus en plus à démontrer. Quant aux prévisions de coupures pour le milieu de l’hiver… J’avoue que j’en souris même si celles-ci peuvent avoir de lourdes conséquences sur des personnes.
Ce qui m’amuse c’est de constater chaque jour combien mes concitoyens veulent ignorer l’usage que nous faisons de l’électricité. Chaque bulletin d’information révèle son lot de prises de conscience et, petit à petit, on peut espérer que les citadins, surtout, peu soumis aux coupures liées aux intempéries, mesurent le degré de confort général dans lequel nous vivons.
Bien sûr, certains logements sont des passoires thermiques et tout le monde n’a pas d’équipements surdimensionnés. Pour autant, redécouvrir qu’un seul geste permet d’allumer une lumière, qu’un piezo crée une étincelle et qu’un téléphone portable n’est rien sans un branchement électrique régulier peut être d’une grande utilité écologique. Couplé à la montée des prix des énergies, peut-être peut-on espérer que d’aucuns apprécient à sa juste valeur le « confort moderne ».
Confort, en effet, car dans le lot des consciences d’usage, une hiérarchie des nécessités est discutée. C’est la cinquième fois en trois ans que nous y sommes confrontés : qu’est-ce qui est nécessité dans les déplacements et la consommation courante (Covid, puis pénurie de carburant puis inflation), dans les vies à sauver (crise de l’hôpital), dans la vie quotidienne (coupure électrique) ? Je remarque que le calendrier s’accélère…
Si au milieu de tout cela, la grande crue venait à ponctuer notre hiver francilien, nos certitudes d’Occidentaux hyperconommateurs risquent de toucher le fond. Je gage qu’il en sortira une réflexion sur le pourquoi notre société est confrontée à sa propre abondance sans s’interroger véritablement sur la précarité qui touche les plus démunis d’entre nous. Il est notable que les grands consommateurs s’enrichissent sur le dos des petits. Une question demeure : pourquoi les petits laissent-ils faire et participèrent-ils si vaillamment au jeu de dupes de la grande consommation ?
Je l’ignore.