Le 6 décembre dernier, alors que je suis passée chez Isabelle qui avait conservé le panneau avec les photos et noms des quatorze femmes assassinées lors du massacre antiféministe commis à Montréal par un masculiniste en 1989, elle m’a fait un cadeau : une magnifique bouillotte électrique rouge. Fort étrangement, mon kiné m’en avait parlé la veille, me vantant le côté pratique de la chose : pas d’eau bouillante à manipuler ; pas de risque de fuite.
J’y ai toujours résisté, l’expérience des packs de chaud antidouleur me laissant supposer que lesdites bouillottes ne tiennent pas aussi longtemps la chaleur que ma bouillotte en caoutchouc emballée dans plusieurs couches de tissu. Je ne restais qu’une demi-heure chez Isabelle mais l’exemplaire qu’elle gardait pour elle était chaud. Je me suis assise, avec un café, et ai mis la bouillotte sur mon flanc gauche.
Une demi-heure plus tard, les douleurs musculaires qui me pourrissent la vie depuis trois mois maintenant se sont dissipées, comme par magie. Elles sont revenues le soir en mode supportable et, le lendemain, ma journée a été presque agréable. Le jeudi, cela a été terrible en dépit de la bouillotte posée sur mon flanc de longues heures durant. Le vendredi, je discute avec mon kiné, lui parle de la bouillotte…
— Je l’ai posée sur ma rate, pas exactement car c’était à gauche, et mes douleurs sont parties…
Il a ri, m’expliquant que la rate est bien à gauche et que l’endroit que je lui montrais était le bon. On a attribué l’un et l’autre le retour des douleurs le jeudi au fait que j’avais eu la flemme, le matin, de faire ma routine de réveil musculaire. Je l’ai donc reprise le samedi (avec du mieux) et ai décidé de prendre des informations sur ma rate. Je remarque qu’elle a un rôle essentiel dans l’immunité, nettoie le sang des globules rouges hors service et que son dysfonctionnement peut générer des anémies.
J’imagine donc qu’elle a sacrément bossé les semaines d’infection au staphylocoque et de traitement ; et qu’elle a encore du taf avec ce qu’il me reste à éliminer des toxines laissées par la lévofloxacine. Pour prendre soin d’elle, il est recommandé d’avoir une certaine activité, de manger des racines et du citron. Il ne manque que le citron à ce régime : cela tombe bien, j’ai une super recette de citron et gingembre confits. En plus de la bouillotte, j’espère que ma rate en sera contente et aidera mon métabolisme à recouvrer la raison.