Entre les deux tours des présidentielles (vous vous souvenez, ce n’est pas si loin ?), j’ai décidé d’adhérer au parti communiste français. Cela a surpris pas mal de monde dans mon entourage politique. Il est vrai que je ne suis pas forcément très « communiste » tant le productivisme et la valorisation du travail au service de la croissance ne me semblent pas la solution. Pour autant, je partage de nombreuses luttes avec le PCF depuis soixante ans (j’ai commencé l’action politique in utero) ; la déshérence du parti socialiste, l’incurie des Verts et le populisme de LFI mes laissent exsangues d’un parti où militer. Pourquoi ne pas tenter le plus vieux parti de France ?
Je venais de lire Beauvoir qui racontait que Sartre en 1956 considérait que « l’avenir de la gauche ne peut se construire sans le parti communiste » ; la difficile structuration de la Nupes, union sans laquelle les législatives auraient viré au drame pour la gauche toute entière, allait bien avec cette idée. Je me sens également proche d’élues communistes parisiennes et j’avais envie de rejoindre une structure partisane rodée qui permette de mener une action politique du quotidien sans négliger la construction d’une pensée collective par l’échange.
Je constate quelques mois plus tard qu’il est toujours aussi compliqué de trouver sa place dans une organisation politique, même quand on a 60 ans, une notable compétence militante et implantation locale (trop ?), surtout quand on est déficiente visuelle et que l’on adhère à un parti politique qui, dans son programme présidentiel, ne relie pas l’autonomie à l’accessibilité mais à la compensation. Cela ne l’aide pas à considérer que l’accessibilité universelle commence dès l’organisation militante, sauf à tomber sur les « bons interlocuteurs ». J’en ai peu trouvé. Je le regrette.
En attendant de savoir ce que je fais là, je me console en me concentrant sur les quelques bonnes interlocutrices que j’ai pu croiser çà et là. Je me réjouis également de recevoir une information militante aussi réactive que peu lisible basse vision (merci la compensation !) qui me permet de plus m’impliquer dans la vie politique locale et nationale. C’est ainsi que j’ai pu rendre hommage aux victimes de l’attentat terroriste contre les Kurdes de Paris le 23 décembre dernier. Ce n’est qu’un exemple, tellement important ; s’il ne fallait qu’une raison pour que je ne regrette pas mon choix d’adhésion, ce serait celle-là.
NB : J’en profite pour vous inviter à rejoindre le 7 janvier 2023 à 12 heures (Gare du Nord) la manifestation parisienne d’hommage à Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, militantes du PKK assassinées à Paris en 2013.