Depuis quelque temps, de jeunes activistes écologistes jettent de la nourriture sur des œuvres d’art, de préférence très connues. Ils souhaitent là attirer l’attention du grand public sur l’urgence climatique, considérant qu’une œuvre d’art n’est rien face à cette urgence.
De manière générale, je soutiens l’action directe non violente et je suis convaincue de l’urgence à mobiliser les populations pour une gestion harmonieuse des ressources de la planète. Pour autant, ces actions me choquent. Parce que j’appartiens à la (petite-)bourgeoisie intellectuelle (ou presque) et que je fréquente assidûment les musées. Peut-être. Je défends également l’idée que l’art est universel et participe de notre humanité : ce sont les dictateurs qui s’attaquent à l’art, pas les démocrates.
Ces jeunes activistes ne seraient pas démocrates ? Je ne peux l’imaginer.
Et ce sont les enfants qui jettent de la soupe et de la purée pour tester les grandes personnes qui leur donnent à manger.
Ces jeunes activistes seraient-ils des enfants ? Je ne peux l’imaginer.
Au-delà de ces considérations essentielles, je sais aussi que ce sont les plus riches qui détruisent (proportionnellement) le plus la planète ; ils seront donc choqués ; et alors ?
Ce sont aussi les plus riches qui s’approprient parfois l’art… mais ces attaques au cocktail potager (bio ?) ont eu lieu dans des musées publics, pas dans des fondations privées qui témoignent, par les fonds investis par leur mécène, de leur participation active au dérèglement climatique.
Tous ces éléments rassemblés me font douter de l’intérêt politique de ces actions qui ne font finalement peur à personne, et ne sont pas de nature à permettre d’établir un lien entre le libéralisme, la consommation de masse, la montée des inégalités et la destruction des ressources. Je préfère nettement la cible « match de foot » ou le courage du blocage du périphérique. Mais pourquoi cela me rajeunit-il ? Je remets en ligne un billet du 22 novembre 2019 qui vous dit tout.