Voilà deux fois que je croise le Covid de très près. La première, c’était en cours de judo. Mon professeur, à qui je sers de partenaire et d’assistante d’enseignement neuf heures par semaine, a été testé positif en novembre 2021. Quand je suis allée me faire tester (sans symptôme), je n’étais pas fière même si nous portons tous les deux le masque sur le tatami. Mon médecin a souhaité une confirmation de mon statut négatif par un PCR à 48 heures supplémentaires. De nouveau négatif !
Cette fois-ci, je suis arrivée un dimanche, test négatif en poche, près de maman à Avignon. Elle était fatiguée, fébrile. Le lendemain matin, elle avait de la fièvre. Son test s’est révélé positif. J’ai avant tout eu peur pour elle, 83 ans, insuffisance respiratoire chronique ; mais schéma vaccinal complet. J’ai passé une matinée à prendre des infos auprès du pharmacien, de son médecin, connaître les procédures d’urgence dans sa ville ; j’ai également installé notre cohabitation ; nos chambres sanctuarisées, fenêtres ouvertes dans les « parties communes » (merci le dérèglement climatique, il a fait jusqu’à 30° dans la Cité des papes), repas dans des pièces séparées, FFP2 et gel à volonté.
Maman a beaucoup dormi, avec des sursauts d’activité (cuisiner une choucroute, coudre une housse pour mon iPad…), bien mangé, dormi encore… Elle n’a jamais atteint 39° avant prise de paracétamol, toujours bien respiré, gardé un taux d’oxygène au-dessus de 95… et retrouvé un 37° le matin dès mercredi. Bravo le vaccin !
Il était prévu que je rentre justement le mercredi en fin de journée ; la première condition était remplie : maman pouvait rester seule sous la surveillance de ses amis. La seconde… Je suis allée me faire tester (sans symptôme). Étrangement, je n’ai pas été réellement surprise que le résultat soit négatif, en dépit de mon actuel déficit d’immunité suite à l’antibiothérapie. Je n’ai pas senti la même frousse que la première fois. Nos conditions de vie jouaient, bien sûr ; et j’ai pensé à toutes ces personnes qui n’ont pas eu, comme nous, 3,5 mètres de hauteur de plafond, une pièce chacune et une météo autorisant les fenêtres ouvertes. Mais au-delà… Je ne sais pas.
Une amie m’a dit « On le sent. », ce qui expliquerait que je n’ai pas vraiment eu peur. Je n’y crois pas trop. Peut-être l’installation de ce foutu virus dans notre quotidien, et l’idée que l’on ne sait toujours pas comment il se transmet en dehors des cas où dix personnes dans la même pièce se toussent et s’éternuent dessus le temps d’un bon repas. Tant de facteurs sont en jeu… et ces deux (trois !) dernières années m’ont appris à sortir de cette toute-puissance ordinaire qui porte chacun à se penser invincible, qu’il s’agisse, dans nos choix de vie respectifs, de contrôler l’espace, le temps ; l’espace-temps.
On est bien peu de chose…