Violences spécistes (pléonasme ?)

Je suis d’un naturel spéciste, si je puis dire… sans pour autant m’accorder d’en cautionner la barbarie. On me rétorquera à juste titre que si j’allais voir la manière dont est fabriqué mon steak haché du veau tout juste sorti du ventre de sa mère à mon assiette, je n’oserais pas écrire une chose pareille. Je n’argumenterai pas sur ce point, mes arguments seraient creux et sans intérêt. Je peux juste dire que je mange du steak haché… Et du poisson. Je n’en nourris aucune fierté, et limite au maximum mes besoins. Je fréquente des personnes végétariennes depuis que je suis toute petite, j’en connais les arguments, j’en partage beaucoup. Mais je continue à manger mon steak, et mon poisson.
Peut-être faudrait-il quand même que ça change. Je crois que si je vois sur l’emballage de mon poisson essentiellement surgelé « pêché en Atlantique » je vais avoir du mal à ne pas regarder mon filet de travers maintenant que je sais que des pêcheurs ont mutilé un dauphin pour envoyer un message politique à l’association Sea Shepherd en gravant avec une lame sur son dos « Sea Sheperd PD ». Comment peut-on faire une chose pareille ? Ce n’est pas l’expression d’un état mental imprégné de connerie, de bêtise, d’idiotie ou de je-ne-sais-quoi ! C’est l’expression d’un choix politique qui consiste à dire que la mer appartient à ceux qui l’exploitent, que les animaux appartiennent à ceux qui les pêchent, que toute personne qui s’oppose à leur suffisance ne peut être qu’un pédé, une fiotte, une sous-merde qui n’a rien d’un homme et qui s’apparente à l’animal que l’on mutile.
Même si c’est l’injure la plus courte d’un point de vue phonétique, on ne me fera pas croire qu’elle a été choisie par hasard tant elle est l’expression du système de domination qui nous opprime, et qui a besoin d’exprimer sa toute-puissance sur tout être vivant sur terre pour exister. Il faut que cela cesse, que l’on foute en l’air ce système qui autorise de pauvres types à lacérer la chair d’un dauphin pour ramener au port, tranquilles, ce poisson fait marchandise qui viendra engrosser les bénéfices de l’industrie agroalimentaire.
Mon indignation est sans bornes.