Les violences urbaines de ces dernières semaines ont donné lieu à de nombreux commentaires sur « l’ensauvagement de la société », et notamment des plus jeunes, consécutif à un défaut supposé d’autorité parentale. L’essentiel de ces commentaires sur France Info était tenu par des éditocrates aux accents réacs, des responsables politiques et des spécialistes de la sécurité. J’ai été particulièrement sensible, par exemple, à l’intervention d’un gendarme haut gradé, donnant deux exemples de cette autorité parentale déchue :
* Une maman dont on accuse le fils d’avoir « pillé » un magasin qui répond que son fils s’est simplement « servi » ;
* Une seconde qui aurait dissimulé aux gendarmes le contenu d’un vol commis dans un commerce.
Il me semble qu’il ne s’agit pas là de l’expression d’un défaut d’autorité parentale ; on peut discuter du fait que ces parents couvrent les infractions et incivilités commis par leurs enfants ; interroger leur rapport à la loi. Devant moi sur un passage piéton une maman tient la main de sa petite fille. Le feu piéton est rouge. La maman dit « Ce n’est normalement pas à nous de traverser mais on y va. » La petite fille a parfaitement obéi à sa mère au péril de sa vie même. Sa maman ne manque donc pas d’autorité, mais à l’instar de la majorité de la population, elle considère pouvoir s’affranchir à cet instant de la règle, mettant en péril son enfant en toute connaissance de cause.
Dans le cas de ces violences urbaines, quelle légitimité ont nos éditocrates, responsables politiques et spécialistes de la sécurité à venir faire la leçon à ces enfants qui sont les premières victimes des violences familiales, sociales, économiques ? Quant à ces parents (des mamans bien sûr) qui manqueraient d’autorité, elles ne font que reproduire à leur niveau l’essence de la société ultralibérale où chacun est invité à tirer la règle à son profit, avec l’espoir d’en tirer un bénéfice. C’est là le pendant des inégalités sociales qui se creusent, avec l’illusion largement entretenue que traverser au feu rouge viendrait compenser l’exploitation dont chacun souffre. De là à considérer que la violence de ces enfants sert l’ordre bourgeois, hétérosexiste, validiste et raciste, il n’y a qu’un pas que je franchis volontiers ; forcément.
C’est un sujet qui prête à réflexion, comment facilement l’on est tenté de profiter du système, ce qui ne se fait jamais sans conséquences sur ce dernier.
Je n’ai pas terminé, loin de là, à réfléchir à cela, et je n’aurais pas les bons mots ce soir de toute façon.
Mais je pressent que d’une certaine façon cela à un rapport avec la lutte interne entre l’intérêt de l’individu et celui de la communauté.
Cela doit remonter à la nuit des temps. Et je ne crois pas que ce soit spécifique à l’homme. Je pense qu’il en va de même pour par exemple les loups.
… Je crois aussi que je suis un peu à côté de la plaque… mais votre billet tire en même temps sur de nombreuses cordes de mon esprit et là, cela m’évoque un faisceau de pensées entremêlées.
J’espère que vous aurez néanmoins bien dormi 😉
🙂 Non. Mais c’est plus un problème de matelas 🙂
😉