Un article récent de France Info sur la baisse de consommation de « produits d’hygiène » pour cause d’inflation porte à de nombreuses réflexions.
Je remarque de prime abord que dans ces « produits d’hygiène » il y a beaucoup de produits liés à l’esthétique : maquillage, après-shampoing, déodorant… Les différents confinements ont montré que certaines Françaises avaient un peu renoncé à tout ce qui les rendent belles et désirables dans le sens où le marketing donne de ces termes. Moins de soutiens-gorge, moins de maquillage, moins d’épilation… J’avoue que si l’inflation amplifie ce mouvement je ne vais pas m’en plaindre pour l’image des femmes ; le bien-être ne me semble pas obligatoirement passer par une dimension esthétique.
L’article fait également référence à ce que l’on pourrait appeler des produits de première nécessité en matière d’hygiène : dentifrice, savon, shampoing, papier toilette, mouchoirs, lessive. Une fois encore si l’inflation permet de réfléchir à notre consommation de ce type de produit, je ne vais pas m’en plaindre non plus. L’exemple le plus simple est celui du gel douche versus savon. Le gel douche est conditionné dans des petits bidons en plastique conçus pour que l’on en consomme le maximum. Rien que le fait de verser son gel douche dans un flacon pompe permet de réduire drastiquement sa consommation. C’est pareil pour le shampoing, voire l’après-shampoing. Le savon, quant à lui, est ridiculement peu cher et lave tout aussi bien. Pour le dentifrice, je remarque que le prix d’un tube peut varier de moins de 1 euro à 5 euros ou 6 euros ! Pour le papier toilette, je suis assez surprise du témoignage de ce gars qui mange du riz pour moins en consommer ; il existe du papier toilette peu cher qui remplit exactement les mêmes fonctions que celui dont on nous vente les mérites dans les spots publicitaires…
Le fond du problème me semble être ici : les marchands d’hygiène ont mis au point des produits à allégations et marketing avancés. On trouve sur les étals des produits qui laissent pantois, que ce soit par leur prix ou par les vertus qui leur sont créditées. Une femme le dit bien, elle a peur de sentir mauvais. Il est vrai qu’il y a des gens qui sentent mauvais que ce soit question d’hygiène ou pas d’ailleurs. Mais si l’on prend l’exemple du déodorant, il est tout à fait possible de s’en passer hors cas particuliers car même si on sent un petit peu sous les aisselles, ce n’est pas là que l’on s’embrasse, en général. Le marketing s’alimente largement d’un hygiénisme tout à fait inconsidéré. On peut se laver en dehors de la douche avec un simple gant de toilette, 2 litres d’eau et du savon ; on peut même considérer que c’est plus efficace que de se barbouiller à la main de gel douche riche en chimie délétère sous un jet d’eau continu.
Reste la question des couches pour les bébés, les protections pour les personnes incontinentes et les protections menstruelles. Tout cela vaut très très cher, au nom d’une technologie avancée de lutte contre les débordements. Pour avoir eu mes règles sur une période qui couvre des époques bien différentes, je peux affirmer que les protections périodiques des années 70 ne donnaient pas plus de fuites que celle des années 2000… Il faudrait discuter de tout ça produit par produit, mais je remarque quand même que mon linge est propre même si je fais ma lessive sur un programme de 45 minutes, que je ne pue pas du cul même si je ne prends pas de douche tous les jours, que mes habits ne sentent pas le remugle même si je les porte au-delà d’une journée, que mes draps ne sont pas inconfortables même si…
À mon sens, ces produits d’hygiène sont avant tout des produits marketing. Merci donc à l’inflation de porter les uns et les autres à la réflexion sur leur mode de consommation !