De plus en plus souvent, l’extrême-ultra droite appelle à manifester, notamment à Paris. À chaque fois, la gauche bien pensante demande l’interdiction de ces manifestations considérant qu’elles mettent en avant une idéologie qui vient combattre les principes de base de notre démocratie. Le préfet, lui, évalue le trouble possible à l’ordre public pour autoriser ou interdire ces manifestations (et d’autres) selon des critères qui sont parfois difficiles à comprendre.
Que l’extrême-ultra droite promeuve un modèle social, économique et culturel qui vient contredire nos idéaux démocratiques est une évidence. Ce qui ne l’est pas à mes yeux, c’est de lui interdire de manifester ou d’exprimer ses idées. La loi fixe des limites dans la liberté d’expression, notamment en matière de négationnisme, d’incitation à la haine, d’antisémitisme, de racisme, de xénophobie. En matière de sexisme et de validisme, les choses sont moins claires sans doute parce que la société ultra libérale a besoin de faire œuvre de coercition sur une bonne partie de la société pour se développer. Je pourrais dire la même chose du racisme même s’il est mieux encadré au niveau des propos mais certainement pas au niveau des discriminations voire de la ségrégation.
Je ne crois pas qu’on lutte contre l’extrême-ultra droite en interdisant quelques jeunes gens fascistes à manifester, surtout quand on voit comment a été votée, et par qui, la loi immigration qui encourage la xénophobie et place l’exclusion des étrangers au cœur d’un dispositif censément régler les problèmes de sécurité publique. Rien que le fait de relier immigration et insécurité de la part d’un gouvernement et de ses soutiens qui ne sont pas censés appartenir à l’extrême-ultra droite valide la « victoire idéologique » revendiquée par le rassemblement national.
À force de se focaliser sur quelques graffitis haineux et manifestations qui ne rassemblent pas grand-monde, la gauche oublie les racines de l’extrémisme de droite qui se trouvent justement dans l’incapacité des gouvernements successifs depuis les années 90 à apporter des solutions, notamment sociales, aux dérives du libéralisme. En attendant qu’elle se colle à la question dans un projet politique novateur, je vous invite néanmoins à signer l’appel pour le retrait de la loi immigration même si je n’ai aucune illusion sur le fait qu’elle ne sera pas promulguée par le président de la République une fois que le Conseil constitutionnel aura statué.