J’ai rendez-vous pour déjeuner avec un ami dans une brasserie de quartier. J’arrive, j’indique à la serveuse que j’attends un ami qui est blond comme moi et qui est déficient visuel également. Elle me répond ne pas l’avoir encore vu et qu’elle l’orientera vers moi quand il arrivera. Il arrive, nous déjeunons, c’est le patron qui nous sert.
Une heure plus tard, la serveuse revient débarrasser. Nous commandons chacun un café. Elle l’apporte, pose d’abord une tasse devant moi en m’indiquant que la cuiller est à droite et le sucre à gauche dans la sous-tasse, puis fait la même annonce à mon ami. Nous sommes baba tous les deux.
Quelques semaines plus tard, je tombe par hasard sur une amie aveugle qui prend un verre en terrasse du côté de Montparnasse. Son chien est installé à ses pieds ; un autre chien guide est également là, la personne qui l’accompagne étant également aveugle. Ce sont d’ailleurs les chiens que j’ai vus ; surprise, je me suis arrêtée pour regarder et le chien de cette amie m’a reconnue. Je suis debout devant la table canne blanche à la main, nous bavardons, la serveuse arrive et pose deux verres sans un mot.
Je l’interpelle pour lui faire remarquer que les deux personnes à la table sont aveugles ce que la présence des deux chiens avère, et qu’il aurait été utile de leur dire qu’elle posait leur consommation sur la table. Elle me répond très aimable que bien sûr, mais qu’elle ne regarde jamais les clients.
Il manque une partie de la commande. Elle revient quelques minutes plus tard, et pose cette fois une bouteille et un bol de pop-corn, sans un mot de plus. Je l’interpelle de nouveau. Elle s’excuse encore disant que non vraiment elle ne regarde pas les clients. Dix minutes passent ; c’est l’addition qu’elle apporte sans un mot.
Peut-on imaginer que c’est une bonne raison pour ne pas la payer ? J’imagine…
Lundi, un monsieur malvoyant s’est présenté à l’accueil de l’association où je suis bénévole. Assis dans la cour, une canne blanche (je sais qu’il y en a plusieurs sortes mais n’ai pas retenu laquelle est laquelle) près de lui, il avait besoin de renseignements sur sa situation, je lui ai demandé de patienter car d’autres personnes étaient arrivées avant. Lorsque cela a été son tour, je l’ai guidé dans nos locaux après lui avoir demandé comment il voulait faire, il a souhaité prendre mon bras et je l’ai conduit jusqu’à un bureau libre en précisant que nous tournions à droite quand c’était le cas puis l’ai amené près du fauteuil où il s’est assis. Une fois l’entretien terminé, il m’a remerciée pour ma guidance, je voulais partager ces remerciements car c’est grâce à vous que j’ai fait ainsi même si j’aurais pu faire mieux sûrement.
Bonne soirée.
Je me réjouis que vous ayez trouvé les bons mots et la bonne technique ! Voilà une petite vidéo qui vous montre que vous avez tout bien fait !
Pour les cannes, je vous renvoie à cet article.
Je précise que le fait d’utiliser une canne de locomotion ne signifie pas forcément que la personne est aveugle (dans le noir) ; elle peut donner l’impression de « voir quelque chose », ce qui peut troubler ; mais pas asse pour appréhender l’espace public en sécurité sans canne.
Et merci de la confiance que vous m’accordez !