Je suis toujours surprise de constater combien les parents (au sens large) sont fiers d’exhiber leurs enfants sur les réseaux sociaux, dans des photos où ils sont plus ou moins nus, et dans des postures qui invitent à les trouver « trognons ». Parfois, il s’agit de scènes où les enfants sont en difficulté et où ce « trognon » équivaut à rire à leurs dépens. Ils sont trop petits pour s’en rendre compte pense-t-on ; c’est vraiment les prendre pour des imbéciles et leur faire intérioriser à peu de frais la violence comme mode « normal » d’être aux autres. Cela va bien avec les arguments des parents exhibeurs, car une telle démarche révèle qu’ils considèrent leurs enfants comme leur chose, ce qui leur donnerait le droit d’en faire à peu près ce qu’ils veulent.
Si je tiens ce propos aujourd’hui c’est parce que j’ai croisé une photographie sur un profil Facebook qui m’a demandée en amie, où l’on voit une toute petite fille de dos en culotte blanche montée sur une chaise en train de faire la vaisselle à eau courante. J’imagine que sa maman (si c’est bien elle car cela ressemble à un « faux profil » visant l’arnaque amoureuse) est très fière d’avoir ainsi transmis dès le plus jeune âge à sa fille son futur rôle de ménagère. Elle a sans doute omis de lui préciser que l’eau courante grève les ressources de la planète, donc son propre avenir…
Quant aux personnes que cette image pourrait intéresser, au-delà du cercle de famille bien sûr, ou pas, je n’ai pas besoin de les nommer. Il faut croire que les parents ne suivent pas les informations, et ignorent qu’un enfant est victime toutes les quatre minutes d’une violence à caractère sexuel. Il est vrai que ces agressions se déroulent à 80 % dans le cercle de famille, celui-là même qui va en priorité regarder les photos publiées… Mais il y a aussi les autres. L’article que je cite exprime sa surprise quand au peu d’indignation que ces chiffres provoquent. Je la partage.