On sait comment ça se termine

J’ai entendu régulièrement sur France Info des spots sonores qui alertaient sur les violences faites aux femmes par conjoint ou ex-conjoint. Les mises en situation étaient terribles de véracité, et il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que ces fictions n’en sont pas tant elles collent aux récits de femmes qui vivent ces violences au quotidien. Elles sont si nombreuses ! Elles sont si seules ! Désorientées. Démunies. Nous devons faire corps avec elles, être vigilantes, ne rien laisser passer parce qu’effectivement on sait comment cela se termine.
Je cherchais pour ce billet ce spot car, en dépit de sa qualité, il m’avait choquée : une voix off sur la fin disait quelque chose comme « des femmes tuées parce qu’elles sont des femmes. » (ma mémoire est lointaine). Je voulais la citation exacte car autant je partage l’intention de cette campagne, et j’en salue la qualité, mais les situations présentées me semblaient en décalage avec cet argument d’analyse. Autrement dit, il est important que nous sachions que la violence à l’égard des femmes est un outil d’oppression au service de la domination masculine mais le dire là, comme ça, me semblait hors propos.
Le spot n’est pas reproduit tel quel sur le site, qui propose une version longue que je vous invite à écouter tant elle est redoutable de réalité, imparable. L’entendre m’a émue et pétrifiée. Le reste du site poursuit l’analyse, dans une présentation qui n’est pas accessible aux déficientes visuelles alors même que l’on sait que les femmes handicapées sont beaucoup plus victimes de violences que les autres. Je n’arrive pas à lire donc je ne peux pas vous en dire grand-chose. Mais je comprends que l’axe central est de dénoncer la domination masculine en tant que système d’oppression et ne pas se limiter à stigmatiser les auteurs de violences comme de soi-disant exceptions qu’ils ne sont pas.
Toutes ces notes positives (hormis la question de l’accessibilité bien sûr) m’encouragent dans l’idée que, sur un support spot radio de 30 secondes dire qu’une femme est assassinée parce que c’est une femme, n’est pas l’essentiel. À mon sens, ce qui est l’essentiel c’est la déconstruction du discours amoureux afin qu’émerge sa dimension perverse, pour donner les moyens aux femmes de répondre, de se défendre. Une femme victime de violences entendrait ce spot alors qu’elle vit la même chose se moque de savoir que c’est parce qu’elle est une femme il va l’assassiner. C’est bien qu’elle comprenne que ce n’est pas elle qui est en cause, cela lui permettra d’agir. Mais je trouve définitivement dommage que cette phrase reliant violence particulière et domination masculine n’ait pas été remplacée par une autre plus porteuse d’un moyen d’action.

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