Je vais bientôt avoir 60 ans. Je ne sais pas trop quoi en penser à part considérer que ça commence à faire vieux mais que c’est encore très jeune ; tout dépend du sujet. J’y pense régulièrement ; c’est tout de même une sacrée échéance ! Ce samedi soir, comme souvent quand je suis chez moi à la tombée de la nuit tranquille avec l’envie d’écrire, je songe que des bras audacieux seraient les bienvenus dans le contexte, bien sûr, de ce que j’écrivais en décembre dernier sur la largeur de mon lit.
Ces pensées coquines me mènent aujourd’hui à Ceinture rose, roman débouté par mon éditeur canadien (j’en ai parlé dans un billet de juin 2022 que je republie) que, par ricochet, je quitte petit à petit. Ce huitième roman rose raconte l’histoire d’une ancienne championne de judo de passé 60 ans qui tombe amoureuse d’une « foutue gamine » de presque trente ans sa cadette. Cette différence d’âge l’insupporte au point qu’elle fait tout pour rendre la relation impossible. Ce n’est pas la seule péripétie du roman mais c’est son thème central (en plus d’une ode au judo).
Je n’ai pas choisi ce thème par hasard. Je remarque que mon âge avançant, mon désir reste souvent bloqué sur des femmes autour de la quarantaine. Je me suis pourtant toujours refusée à avoir une relation, même « d’un soir », avec une femme qui serait « vraiment » plus jeune que moi ; dix, onze ans, c’est mon maximum acceptable. C’est ? En fait non, c’était ! Écrire Ceinture rose, et aligner page après page les arguments des différentes parties au débat m’ont fait comprendre que mes résistances tenaient à la représentation que j’ai de la différence d’âge alimentée par la culture amoureuse hétérosexiste qui en fait souvent un facteur d‘asservissement.
Autrement dit, l’âge en lui-même n’est pas en cause : c’est plutôt ce que chacun en fait qui compte et la capacité (ou non) de la relation à se construire dans la liberté de chacune. La belle affaire !