Poupées

Depuis quarante-huit heures (j’écris ce billet le 4 novembre), il est question d’une plate-forme de vente en ligne qui propose au grand public des poupées réalistes à destination des adultes. Les acheter est un acte pédocriminel. Les autorités, les associations, s’indignent. Une enquête parlementaire est lancée. L’absence de réglementation applicable à ces plates-formes fait débat. La fin probable du petit commerce de proximité est pointée.
Je m’associe à l’indignation générale. Je regrette pourtant que, comme chaque fois qu’il est question de commerce, on se contente d’évoquer des commerçants qui sont dans une quête du profit « au-delà de l’acceptable » ; mais on ne parle jamais ou peu des consommateurs. Sur cette affaire de poupées, il en a été question car la police en a trouvé chez des criminels ayant agressé des enfants. Mais en ce qui concerne tous ces produits qui arrivent en France dans des « petits colis » qui échappent à la réglementation protégeant le consommateur et dont la seule qualité est d’être à petit prix, il n’en est pas question.
Cela me rappelle les débats au moment de l’arrivée massive d’un autre géant de l’e-commerce en France. On a prédit les mêmes dommages pour l’économie, le droit du travail, l’emploi mais, à aucun moment, il n’y a eu des campagnes visant à sensibiliser le consommateur aux conséquences de ses achats. Forcément ! Dans le système ultralibéral qui nous gouverne (aussi au niveau politique), il faut de l’ultraconsommation dont on dénonce les excès sans en fixer de limites réelles par crainte que le système ne s’effondre ; imaginez que chacun consomme avec sobriété et cesse de succomber aux mirages du « bonheur de consommer ».
Changez le monde ? À chaque fois, j’y reviens. Bien seule.