Mariage

Il y a dix ans, la loi instaurant le mariage pour tous était votée. Cet anniversaire donne lieu à de nombreuses communications, colloques, livres, déclarations publiques, comme ce ministre de l’Intérieur qui fait un mea culpa qui n’a d’autre objet que de cacher la forêt totalitaire de sa pensée liberticide ; un coup de comm’, en somme. Passons, il y a plus glorieux, et plus intéressant comme ce livre qui accueille une de mes nouvelles écrite en avril 2013, « [#05] Un gros petit Jésus, pour la crèche ».
Il y a aussi cet article au titre qui m’a surpris « Comment le mariage pour tous a transformé la France » ; la France aurait-elle changé dans sa perception de l’homosexualité ? La violence homophobe, notamment, les discriminations, les clichés hétérosexistes, auraient-ils reculé comme les défendeurs de l’égalité par le mariage en portaient argument pour justifier la valorisation d’une institution coercitives (le mariage) qui opprime les femmes et les enfants et promeut l’ordre social dans la filiation et la patrimonialisation de l’amour ?
Je n’ai jamais été partisane de ce choix politique ; j’ai toujours défendu (et continue à défendre) l’idée d’une égalité des droits individuels et le mariage pour personne. Je m’en suis exprimée sur mon site le 30 mai 2013 ; j’ai republié ce texte (« Le mariage, point culminant de la domination masculine sur ce blogue ») ; il reste pour moi important. Je constate aujourd’hui que les violences à l’égard des lesbiennes, des homosexuels et de l’homosexualité n’ont pas reculé et qu’il a fallu de longues années encore pour que la PMA soit réalité dans des conditions d’exercice et de filiation toujours aussi compliquées.
Autrement dit, cette égalité des droits par le mariage n’a pas atteint les objectifs politiques et notre société est toujours aussi homophobe. Je n’en suis pas surprise et cet anniversaire a le triste goût de l’arnaque, notamment pour les lesbiennes. J’entendais samedi 22 avril sur France Info un des premiers mariés de Montpellier chanter les sirènes de l’amour ; j’en suis affligée ; comment peut-on encore croire en 2023 que l’amour est au cœur du dispositif marital ? Le seul vainqueur dans l’affaire est l’ordre bourgeois, hétérosexiste, raciste et validiste ; c’est finalement le sens du mea culpa du ministre de l’Intérieur tant on ne peut pas le soupçonner de saluer une loi qui aurait créé du désordre, du désir, de la liberté !