Après quelques tergiversations, le président de la République a confirmé l’augmentation des franchises médicales et participations forfaitaires sans augmentation des plafonds. La mesure entrera en vigueur fin mars. Son argument principal est la responsabilisation des patients notamment vis-à-vis de la consommation de médicaments. Si l’augmentation de ces franchises et participations ne me pose pas de problème dans la mesure où les plafonds ne bougent pas (Cf mon billet du 3 septembre 2023), l’argument de la responsabilisation ne me convainc pas.
Je ne suis déjà pas certaine que la majorité des assurés sociaux ait connaissance du fonctionnement de ces franchises et participations, surtout ceux qui fréquentent épisodiquement les médecins et les pharmacies. La connaissance de ce système va de pair avec la surveillance des remboursements de soins et de médicaments. Qui consulte son compte Améli ou celui de sa mutuelle pour vérifier qu’une consultation chez le généraliste et quelques boîtes de médicaments lui ont été correctement remboursées ? Quand les soins sont d’un montant élevé, comme des soins kiné ou le renouvellement de lunettes, effectivement on va regarder ; mais sinon ?
Cette responsabilisation, par ailleurs, me semble tout à fait dérisoire au vu du fonctionnement de la délivrance des médicaments. J’en consomme énormément depuis plus d’un an et je remarque qu’il faut être sacrément vigilant pour ne pas rentrer de la pharmacie avec des médicaments dont on n’a pas besoin. Mes ordonnances, la plupart établies en milieu hospitalier, sont très longues. Hors des traitements permanents, elles anticipent la survenue d’effets secondaires ou événements indésirables afin que je puisse passer à la pharmacie sans passer par la case médecin.
Je prends un exemple. Mon âge hématologique m’expose à des infections, notamment pulmonaires qui nécessitent la prise d’antibiotiques. Il est donc important que je dispose de ces antibiotiques et que je puisse les prendre sans être obligée d’aller voir un médecin, surtout si la fièvre survient un dimanche ou un jour férié. C’est dans ce contexte qu’il est indiqué dans ma dernière ordonnance « Antibiotique si fièvre, à avoir à la maison, à prendre sur avis médical ».
À la pharmacie, je suis tombée sur une jeune pharmacienne que je ne connais pas (et réciproquement). Je lui ai dit que je voulais simplement les antibiotiques sur cette longue ordonnance. Je la vois revenir avec cinq boîtes. Je lui demande combien de jours fait chaque boîte. Réponse, six jours. Je lui explique que la prescription n’indique pas trente jours de traitement, juste la nécessité d’avoir cet antibiotique à la maison et qu’une seule boîte est largement suffisante puisque six jours est la durée normale de ce type de traitement. Elle remballe donc les quatre autres boîtes et je repars avec mes antibiotiques.
Ce n’est pas la première fois que je trouve que les pharmaciens poussent à la consommation, c’est aussi pour cela que je suis très vigilante. La franchise médicale n’y est pour rien : au 5 février, j’en suis déjà à 28 euros. Si elle était doublée, j’en serais donc à 56 euros, au-delà du plafond, et n’aurais cure de prendre une ou cinq boîtes. Ma motivation principale est que je ne souhaite pas avoir des médicaments dont je n’ai pas besoin. Si le président de la République veut « réarmer la responsabilité » en matière de médicaments, il serait donc bien inspiré de regarder du côté des pharmaciens plutôt que de culpabiliser les assurés.
J’ai le sentiment ces dernières années, qu’en pharmacie, nous sommes de plus en plus confronté à des commerçants, plutôt que du personnel de santé.
On me propose parfois des choses dont les arguments ne me semblent parfois étranges (je pare bien sur hors ordonnance).
Dans ma campagne, la transformation est légère… je dirais. Mais…
Je le remarque aussi !