De manière un peu trop marginale à mon goût, les débats autour de la réforme des retraites évoquent la question du travail. J’ai été élevée dans l’idée qu’il était par nature sain, indispensable à l’équilibre personnel et à la prospérité économique. En ce début de 21e siècle, les effets délétères du travail sont reconnus (les discussions autour de la longueur des carrières, de la pénibilité l’avèrent indirectement), la souffrance au travail est un sujet récurrent chez les salariés et les agents publics, l’idée d’un accomplissement personnel par le travail part à vau-l’eau.
Dans le même temps, la prospérité économique se heurte au dérèglement climatique et les voix sont de plus en plus nombreuses pour dire que l’on ne gagnera pas la partie dans la croissance à tout va et la consommation de masse. On remarque également que les gains de productivité ont enrichi le Grand Capital en augmentant la charge de travail du plus grand nombre. On pourrait imaginer l’inverse… et beaucoup l’imaginent, refusant des emplois à horaires compliqués, mal payés, usants et/ou peu intéressants au profit d’une vie certes précaire mais en accord avec leurs aspirations politiques.
Mais comment allons-nous vivre si les soutiers revendiquent « le droit à la paresse » comme l’a clamé le ministre de l’Économie comme si refuser l’exploitation par le travail était un signe de fainéantise ! Je veux bien croire que le Grand Capital frémit à l’idée de devoir reconsidérer son modèle face à une aspiration populaire à la décroissance, seule solution qui permettrait de sauver la planète en même temps que la qualité de vie : penser autrement.
On en est loin mais ce débat sur les retraites en porte le frémissement. Vain espoir ? J’ai envie d’y croire moi qui découvre les joies de la paresse, acceptant de plus en plus de ne pas considérer mes activités comme un travail, mot magique qui donne à mes activités bénévoles et à mon écriture un air de légitimité sociale. Ah ! la pression culturelle sur l’épanouissement personnel et la reconnaissance sociale par le travail. En viendra-t-on à bout ? Je suis allée poser la question « Qu’est-ce que le travail ? » à ChatGPT avant d’écrire ce billet histoire de voir ce qu’un internaute en quête de savoir facile en saurait.
« Le travail est une activité physique ou mentale réalisée en échange d’un salaire ou d’un autre avantage économique. Il peut également être considéré comme une activité nécessaire pour satisfaire les besoins de la société et contribuer à son développement. » La réponse m’a surprise : il n’est pas fait mention du caractère soi-disant « épanouissant » du travail ; le doute introduit par « il peut être considéré » me ravit. Les ressources disponibles sur Internet mèneraient-elles à une pensée révolutionnaire ?
Là, c’est sûr ; il faut que j’arrête le chocolat !
Vous avez testé chatGPT ?
J’avais renoncé à la vue des demandes indiscrètes faites pour s’inscrire (numéro de téléphone).
Mais j’ai fini par tester.
Ce truc est effrayant… j’ai déjà obtenus quelques réponses à des questions que je ne savais trouver à qui adresser ni comment.
Je lui ai demandé une traduction au résultat pas mauvais. Une retranscription de mes propos de façon plus poétique/dramatique…
Bref, ce truc est prodigieusement effarant.
J’en ai réellement peur (par la raison, pas le sentiment, ce qui est paradoxale quand on y réfléchit) et pourtant je sais que je vais en être totalement galvanisé (j’ai dès les premiers essais mis en place des règles de restrictions… c’est dire !)
J’ai toujours en mémoire un documentaire que j’avais vu sur les réactions de nos concitoyens à la vue des premières automobiles. J’y pense chaque fois qu’une technologie nouvelle arrive, en me disant que c’est ce qu’on en fera qui la rend effrayante.