Semaine parfaite

À force d’avoir envie d’aller mieux, l’exigence monte et, comme je n’ai aucun souvenir du moins bien, je peine à considérer que je suis en meilleure forme. Pendant sept jours, je n’ai pas eu à noter dans mon roadbook des effets secondaires majeurs et j’ai résisté à plusieurs expositions aux virus d’automne. Comme pour me contredire, au huitième jour, j’ai enchaîné les soucis. J’écris ce billet le neuvième… Suspense !
Il est bien là le problème : je ne peux présager des bonnes et mauvaises journées, des bonnes et mauvaises nuits. La seule chose que je peux faire, c’est tenter d’arrêter de vouloir anticiper des difficultés dont je ne peux me prémunir. Il m’a fallu du temps mais je crois que j’ai pris conscience que cette anticipation génère de l’angoisse. C’est nouveau pour moi.
Depuis 62 ans, j’ai appris qu’anticiper me permet de pallier ma déficience visuelle dans de nombreuses situations. Je programme donc beaucoup, j’élabore les scénarios possibles afin de me préparer à affronter des situations qui seront compliquées. Cela fonctionne très bien et, en matière d’autonomie, jugule l’angoisse.
Pour cette maladie, j’ai tendance à faire pareil mais cela ne sert strictement à rien. Là, je dois me rendre à Champs-Élysées Clemenceau pour rejoindre une amie. J’ai regardé le trajet, sa durée et les alternatives. Je peux prendre le métro tranquille. Par contre, si je me dis que peut-être la nuit prochaine, je ne vais pas dormir ; ou que, tout à l’heure, je serai coincée à serrer les fesses pour contenir une diarrhée le temps de trouver des toilettes… c’est source d’angoisse parce que cela n’apporte aucune solution.
C’est cette différence à laquelle je dois m’attacher : distinguer, dans mes anticipations, ce qui apporte une solution et ce qui n’en apporte pas. Je peux, en parallèle, saluer cette « semaine parfaite » et accepter de me résoudre à des journées moins agréables, peut-être mettre la barre moins haut… Chaque fois que je pense les choses ainsi, j’ai l’impression de me compromettre ! Allez, pour une fois, ne puis-je baisser mon niveau d’exigence sans avoir l’impression de faillir ?
Pour une fois…

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