À propos d’ascenseur, celui de ma cage d’escalier a eu des problèmes de fonctionnement pendant de longues semaines avant que décision soit prise de changer les portes de la cabine. Au rez-de-chaussée, avant que l’ascenseur ne démarre, les portes s’ouvraient se fermaient s’ouvraient se fermaient s’ouvraient se fermaient…
Certains locataires, uniquement de sexe masculin, estimaient qu’il fallait appuyer sur les portes au moment de leur fermeture pour que tout fonctionne bien. Si l’on regardait avec attention la manière dont les portes se fermaient, il était assez aisé de constater que les portes intérieures n’étaient pas correctement emportées par les portes extérieures ; elles se rouvraient donc. Il leur fallait en moyenne trois ou quatre essais maximum pour se fermer correctement. Peu de temps avant les travaux, il fallait systématiquement cinq essais.
J’étais un jour dans cet ascenseur avec un voisin ; les portes se sont fermées et rouvertes. Le voisin s’impatiente déjà ; les portes se referment et s’ouvrent. Il me dit alors qu’il faut appuyer dessus ; il le fait ; les portes ne se ferment pas. À sa quatrième tentative, je lui indique qu’il est inutile d’appuyer sur les portes, que c’est même délétère et qu’il suffit d’invoquer l’esprit de l’ascenseur. J’ajoute que je m’en occupe. Il ne bouge pas. Les portes se ferment. L’ascenseur démarre.
Je conclus devant l’air ahuri de mon voisin (que je sais sensible culturellement à cette question pour en avoir discuté avec lui) que les albinos ont toujours su parler aux esprits. Il rit un peu mais pas du rire franc du gars persuadé de la blague. Je sais, elle était un peu grosse et la statistique était avec moi. La statistique, ou les esprits ?
J’avoue, cela m’amuse beaucoup.