Que font les Français·es le samedi soir à 19 h 59 ? Sans trop m’avancer, je fais l’hypothèse que la plupart ne travaillent pas, qu’ils sont en train de dîner en famille et entre amis, sont au cinéma, au théâtre, dans des bars, d’autres sont partis en week-end et, pour les plus casaniers, sont chez eux en train de lire, de tricoter, de regarder un film ou une série, de discuter au téléphone, de jouer, de flâner sur les réseaux sociaux… Le samedi soir, c’est un peu la trêve des confiseurs d’une semaine ordinaire, un moment où l’on se déconnecte de la vie associée au travail, où l’on se repose, le corps ou les nerfs, ou les deux.
Eh bien, ce samedi 21 septembre 2024, veille d’automne, le Premier ministre et le président de la République ont réservé aux Français·es une soirée inattendue publiant la liste des membres du gouvernement sans doute le plus réactionnaire de ces cinquante dernières années. C’est assez futé d’avoir fait ça un samedi soir, car beaucoup seront passés à côté de l’information avant de l’intégrer dans les jours qui suivent au gré de leur retour à la vie de tous les jours.
Quand je dis futé, c’est un euphémisme bien sûr. Autrement dit, une fois encore, le président de la République nous prend pour des quiches et, non content de voler à la gauche sa victoire, essaie de passer en douce ce énième coup de force. Ces sept dernières années, il entube absolument tout le monde dans une gestion du pouvoir et des affaires publiques tellement honteuse que nous restons souvent cois plutôt que nous nous révolter et de renvoyer cet imposteur à ses dividendes.
J’ignore ce qu’il va advenir de ce gouvernement réactionnaire ; je ne suis pas une adepte de la violence politique et le fond du problème est bien là. Aujourd’hui, la violence est dans les actes du président de la République ; que pouvons-nous faire pour lui répondre puisque les urnes n’ont pas suffi ? Regardons déjà du côté de la Martinique, et de la Nouvelle Calédonie ou même de Mayotte. La violence armée y est le seul mode d’expression populaire encore à disposition. Qu’en sera-t-il en métropole ? Je regrette tellement de ne plus pouvoir aller manifester ; plus le cortège est grand, moins le coup de poing y fait loi.