Posture

Sur les sites des compétitions des Jeux olympiques, il y a plusieurs équipes de volontaires. Certains sont directement affectés aux compétitions (ce sont ceux que vous voyez à la télé), d’autres sont au service médical, au protocole, au service des spectateurs et d’autres tâches encore que je n’ai pas identifiées. Pour ma part, je suis affectée au service des spectateurs : il s’agit de scanner les billets en les vérifiant, de guider les flux au milieu des barrières, aider les uns et les autres à trouver leur place…
Dès le premier jour, parmi ces tâches que je ne peux pas réaliser, ma place a été toute trouvée : l’accueil des PMR ! On ne se refait pas. Au départ, cette zone d’accueil située à l’intérieur de Bercy consistait à prêter des fauteuils roulants. Très vite, c’est devenu le carrefour obligatoire entre les entrées extérieures et les gradins : les volontaires situés à l’entrée accompagnent les personnes jusqu’à ce point PMR et les volontaires affectés à ce point les emmènent jusqu’au pied des gradins.
Même si j’étais un peu la seule à savoir manier un fauteuil roulant, il n’était pas question pour moi de pousser les personnes qui en avaient besoin pour des raisons évidentes de sécurité et de responsabilité. Je me suis donc autopropulsée responsable de ce point d’accueil, formant les volontaires au fil de l’eau, gérant l’affluence pour l’unique ascenseur, répartissant les fauteuils en prêt auprès des différents points d’accès… Et pareil pour la sortie. Cette autopromotion a fait long feu ; ce n’est pas le sujet (pour aujourd’hui).
Mes cervicales et mes forces étant ce qu’elles sont, j’ai rapidement trouvé très pratique de m’installer moi-même dans un fauteuil roulant. J’y suis assise et m’y sens en totale sécurité. J’ai pu alors apprécier ce que les personnes en fauteuil vivent au quotidien : l’invisibilité de la personne en fauteuil face à une personne debout. Je ne l’avais pas tant ressenti quand je m’étais cassé la cheville peut-être parce que mes sorties en fauteuil n’avaient que pour fonction de me promener.
Dans cet espace dédié aux PMR, cette invisibilité est insupportable en même tant que les UFR apprécient d’être accueillis par une autre UFR. Cela vaut bien sûr pour les personnes handicapées à plein temps, si je peux l’exprimer ainsi. Pour les autres, les « occasionnnels » en fauteuil parce qu’il fait chaud, parce qu’ils ont eu un accident récemment, parce qu’ils sont un peu fatigués, ce n’est pas le cas : ils restent des valides même assis dans un fauteuil roulant et ne s’adressent qu’aux volontaires debout, jusqu’à me mettre petit à petit sur la touche. Va-t-il falloir que j’apporte un bouquin ?

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