Des débats houleux ont eu lieu à l’occasion de l’hommage national aux victimes françaises de l’attaque du Hamas du 7 octobre ainsi qu’à celui rendu à Robert Badinter. Dans les deux cas, « les familles » se sont opposées à la présence des députés de telle ou telle formation politique. J’ai remarqué que, pour beaucoup, ces refus faisaient loi et qu’il apparaissait comme indécent que ces députés soient présents.
Il me semble essentiel de rappeler deux choses. La première est qu’un député (ou un sénateur) représente la Nation quelle que soit sa terre d’élection et son groupe politique d’appartenance. La seconde est qu’un hommage national est une cérémonie protocolaire décidée par le président de la République. Les familles n’ont rien à voir là-dedans, et le débat n’a pas lieu d’être. Représentants de la Nation, tous ces parlementaires y sont conviés et ont légitimité à être présents.
Je comprends que cela puisse choquer quand l’hommage national est rendu à une personne qui a pu s’opposer, de son vivant, aux engagements partisans de tel ou tel parlementaire. Cela ne change rien. Il ne s’agit pas d’obsèques ou d’un hommage privé. Il s’agit bien d’un engagement de la Nation que tout parlementaire représente n’en déplaise à certains.
De mon côté, je m’interroge sur cette place donnée à la famille censément dépositaire de la mémoire des uns et des autres. Je pense que beaucoup d’homosexuels, par exemple, ne laisseraient pas leur famille décider de qui peut les représenter au moment de leur mort et décider de qui aurait le droit d’être là pour honorer leur mémoire.
Cet exemple est celui qui me vient immédiatement à l’esprit ; mais combien de personnes finalement peuvent dire que leur famille sait ce qu’elles pensent, ce qu’elles veulent, ce qu’elles ne veulent pas ; et, quand elle sait un peu, ferait respecter un point de vue qui ne serait pas le leur ? Et quand on dit famille, de qui parle-t-on ? Des parents ou de l’épouse de Vincent Lambert ?
Robert Badinter défendait des principes ; moi aussi !