Tradwife

Dans les mots-concepts que je découvre en écoutant la radio, il y a ceux plutôt sympas comme « Nold », et ceux qui me font frémir, comme « TradWife », entendre « femme traditionnelle ». Il s’agit d’un courant de pensée qui considère que les femmes ont vocation à être de bonnes mères et de bonnes épouses, arrêtant de travailler pour être l’une et l’autre. Vous pensiez cela d’un autre siècle ? Perdu ! Tous nos combats féministes depuis le droit de vote en 1944 semblent avoir été vains surtout si l’on regarde les dernières données publiées par le Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes.
L’assignation des femmes ne régresse pas chez les 25-34 ans, au contraire. Pire encore, 25 % de ces hommes considèrent qu’il faut faire œuvre de violence si besoin pour se faire respecter. Les violences sexuelles et sexistes dont il est question tous les jours dans les médias trouvent ici leur légitimité populaire, de quoi nous faire douter sur leur possible régression. Force est donc de constater que l’égalité des droits ne fait pas reculer la domination masculine, ce qui n’a finalement rien d’étonnant si l’on considère qu’elle est le ciment de la société ultra libérale. Ce point de vue réactionnaire va d’ailleurs très bien aux nouvelles orientations politiques assumées du président de la République qui veut réarmer (bite en l’air, j’imagine) tout ce qu’il est possible en matière d’ordre social et de conformisme conservateur.
Si l’on y regarde bien, l’ultralibéralisme et son pendant d’inégalité sociale ont besoin d’ordre car ne pas contrôler la population, c’est prendre le risquer du désordre. Le sexisme, l’homophobie, le racisme, l’antisémitisme, le validisme… sont autant de moyens de coercition qui permettent de maintenir cet ordre propice aux affaires. Cela fait longtemps que je le pense et le dis sans grand succès politique. Que faudrait-il pour que ça change ? À part donner un grand coup de pied dans la fourmilière, je ne sais pas.
Il n’y a aucune raison que ce grand coup de pied soit donné, l’imbrication des systèmes de domination donnant l’illusion à chacun d’une certaine liberté. Je n’ai plus qu’à espérer dans les catastrophes naturelles, les crises écologiques ou sanitaires et leurs conséquences économiques : elles me semblent les seules en mesure de donner le courage d’agir à la majorité opprimée. Drôle d’espoir.

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