Les nouvelles rames de la ligne 11 ne disposent que de très peu de places assises, dont une bonne moitié sont indiquées comme « prioritaires ». Quand il y a du monde, cela reste néanmoins compliqué de les trouver surtout si je veux m’asseoir rapidement.
L’autre jour, je suis entrée dans la rame et me suis dirigée vers des sièges canne blanche à la main. J’ai demandé à un monsieur s’il pouvait se lever, il était le plus proche. Il m’a regardé d’un air pas content, a refermé le livre qu’il lisait et s’est résigné. Il a ensuite essayé de lire debout avant de renoncer.
Quelques stations plus tard, il est venu vers moi pour m’indiquer que les places prioritaires étaient de l’autre côté du couloir et que c’était ces gens-là que j’aurais dû faire lever. Il a ajouté que je ne devais pas être très handicapée car j’utilisais mon téléphone. Je l’ai alors apostrophé un peu fort afin que tout le monde entende, ai sorti ma carte d’invalidité, la lui ai brandie en lui demandant si je l’avais eue dans une pochette surprise.
Il a tenté de filer le plus vite possible vers la porte, il descendait à la station. J’ai parlé encore plus fort pour lui dire d’assumer ses prises de position puisqu’il considérait que les handicapés devaient rester à leur place ! Les portes se sont ouvertes et il est parti fissa. Je suis sûre que je ne l’ai pas convaincu. Les autres voyageurs ont tourné la tête, je ne sais pas ce qu’ils auront compris.
On peut considérer que cet homme est un abruti. Je remarque surtout que c’est un homme blanc entre deux âges que j’ai dérangé dans sa lecture. Quant à l’usage du téléphone par une personne déficiente visuelle… C’est vrai que c’est très compliqué à comprendre surtout quand on ne cherche pas à comprendre.
Ceci étant, à mon sens, la notion de place prioritaire ne devrait pas exister. Toutes les places sont prioritaires, ou ne le sont pas. Qu’est-ce qui décide qu’une personne s’assoit ? Il y a la chance de trouver une place vide. Il y a le fait de disposer d’une carte le permettant (et d’être capable de la sortir) mais d’expérience, ce sont surtout les handicaps visibles qu’on laisse s’asseoir.
J’aimerais qu’il soit possible qu’une personne puisse s’adresser aux voyageurs en disant simplement « Excusez-moi mais j’ai besoin de m’asseoir. » et que l’un d’eux se lève avec un sourire de bienveillance. J’aimerais… Ce n’est pas gagné ce d’autant que ce n’est pas la politique de la RATP. Chacun à sa place ?