Je ne sais pas trop par quel canal, j’ai été amenée à participer à une concertation organisée par la mairie du 14e autour de la redéfinition de l’Observatoire de la démocratie locale. J’avais été conviée à une première réunion à laquelle je n’ai pas pu aller. J’ai ensuite répondu à un questionnaire et ai été invitée à une réunion à la mairie le 1er juin dernier. Je voulais savoir si cette instance pouvait être intéressante pour travailler la question de la participation citoyenne qui se résume, une fois passées les élections, à des marches exploratoires et autres réunions qui rassemblent des hommes et de femmes blanches (surtout des hommes) pas très jeunes et représentant les classes supérieures.
À mon sens, la participation citoyenne doit venir en appui de la démocratie représentative et la première tâche d’une assemblée locale comme mon conseil d’arrondissement est d’intéresser les citoyens à la vie locale, aux décisions politiques qui les touchent, pour les inviter lors de chaque élection à venir voter et participer au choix de leurs représentants. Je constate que les concertations telles qu’elles sont organisées ont plus pour objet d’encadrer les emmerdeurs certifiés et de tenter de construire une légitimité aux élus que les élections ne leur donnent plus (39 % de participation au 2e tour des dernières élections municipales à Paris…).
La préfiguration de ce Conseil de la démocratie locale n’a pas démenti mon analyse. Il y avait une trentaine de personnes pour 85 000 électeurs dans l’arrondissement (et 101 répondants à l’enquête préalable). Je n’ai pas vu si les hommes étaient majoritaires dans la salle mais je n’ai presque entendu qu’eux, des vieux messieurs qui ne cachaient pas qu’ils étaient là parce qu’ils n’étaient pas élus alors que, bien sûr, ils détenaient des vérités essentielles qui devaient s’imposer à tous. Le seul qui a parlé de participation électorale est l’élu en charge de la démocratie locale, il n’a guère été suivi et la réunion a très vite tourné à l’échange de propos de comptoir s’éloignant lentement mais sûrement du sujet, les vieux coqs ne perdant jamais leur combativité quand il s’agit de défendre leur suffisance machiste.
Je ne suis pas restée jusqu’au bout, ma résistance ayant été définitivement atteinte lorsqu’une dame charmante d’environ 80 ans nous a expliqué que pour faire participer les gens il fallait leur donner à manger, pardon, il fallait les inviter à des goûters. Ça va nous changer les jours d’élections, petit buffet derrière l’urne et les citoyens gourmands viendront voter. Si les dignes représentants de nos conseils de quartier et autres associations locales en sont à dealer la démocratie à coups de petits fours, je lâche l’affaire au moins de ce côté-là.
Quelques jours plus tard, j’ai rencontré dans le jardin des Luttes de la rue des Thermopyles un collectif qui s’intéresse à repenser la démocratie. Ces citoyens ne sont pas ma tasse de thé en termes d’engagement politique (Attac, LFI…), mais entre eux et les bourgeois (il n’y a pas d’autres mots) que la communication non inclusive (à tous égards) de ma mairie est capable de mobiliser, je choisis mon camp. Je ne sais pas à quoi m’attendre pour « l’atelier participatif » auquel j’ai été conviée le 17 juin prochain mais je tente de nouveau ma chance et ne mettrai bien sûr plus les pieds dans les réunions institutionnelles qui se font fi de tous celles et ceux qui font la richesse de notre vie sociale sans que l’institution en question ne se demande pourquoi ils sont de fait exclus du processus démocratique.