La maire de Paris a annoncé l’organisation d’une « votation » le 2 avril prochain afin que les Parisien·nes décident du maintien ou non de trottinettes électriques en libre-service. J’avoue que je ne sais pas trop quoi en penser, donc voter. Un article du Parisien, semble-t-il à décharge avec le soutien du ministre des Transports, cherche à lever nombre des récriminations qui leur sont faites.
En essayant de ne pas me faire manipuler par des chiffres savamment choisis, j’en conclus que le caractère « particulièrement accidentogène » des trottinettes n’est pas démontré, pas plus que leur « innocuité » : c’est le comportement des conducteurs qui est en cause… ou peut-être aussi l’organisation de l’espace routier (ce dont il n’est pas question dans l’article).
Pour ce qui est de la pollution par la fabrication des trottinettes elle-même, leur entretien, leur recyclage comme leur consommation électrique, aucun comparatif avec un vélo à assistance électrique ou un deux roues motorisé n’est disponible. Leur durabilité est aussi en cause ; quid de celle des Vélib ?
En matière de stationnement, de manière subjective, il ne me semble pas que les vélos ni les deux roues motorisés, en libre-service ou non, font mieux. Je trouve d’ailleurs plus dangereux le guidon des vélos accrochés à un garde-corps ou à une croix de Saint-André qu’une trottinette au milieu d’un trottoir ; mes avant-bras peuvent en témoigner.
Reste enfin la question sociale… La précarité et l’exploitation ne me semblent pas réservées aux employés des sociétés de trottinette ; je pense aux employés Vélib, aux sociétés de dépannage auto, moto, vélo pour particulier, aux chauffeurs VTC, comme aux conditions de fabrication de tous ces véhicules sur les chaînes des constructeurs et leurs sous-traitants, surtout à l’étranger…
À l’inverse, les trottinettes sont silencieuses et, correctement conduites, sont un outil de mobilité « douce » qui semble avoir son utilité en zone urbaine. Je remarque d’ailleurs que ce qui est visé par la votation, ce sont les trottinettes électriques en libre-service ; si ce moyen de transport est si délétère, pourquoi ne pas toutes les interdire ?
Autrement dit, j’ai l’impression que l’on incrimine le véhicule alors que le problème est les conducteurs ; cela vaut tout autant pour les voitures, les camions, les deux roues motorisés, les vélos électriques ou non, les patins à roulettes… et les avions à réaction ! Ces vingt dernières années, sur 435 accidents d’avion 207 étaient dû à une erreur humaine, les autres étant liés, dans cet ordre, à la météo, à un problème technique, à une cause non élucidée et à un acte criminel.
Il est bien difficile d’établir ce genre de statistique pour les véhicules routiers, considérant que l’usage veut que ce soit « le plus gros » qui est considéré comme responsable même si c’est « le plus petit » (piétons compris) qui a commis une faute ou une imprudence. De là où je suis, je remarque des infractions et des comportements dangereux de la part de tous les conducteurs, quel que soit le véhicule, au point que la Ville de Paris est obligée de protéger les abords des écoles avec des personnes de jaune vêtues qui font office de feux rouges bis.
Quand on en est à ce niveau de délinquance routière, je ne trouve pas d’argument pour voter contre les trottinettes, sauf à voter contre l’usage même de tout véhicule dans l’espace public, voter contre les aménagements de la direction de la Voirie qui méprise les piétons notamment déficients visuels, voter contre les piétons eux-mêmes qui circulent en dépit du bon sens sur les trottoirs…
— T’as raison, juste nous deux !
Oui Caddie. À nous l’espace public !
Nous finirons bien par revenir aux chevaux et calèche et la marche à pieds.
D’une façon où d’une autre.
(Si l’avenir nous en laisse le temps…) (bon, en vrais j’en suis pas aussi certains, mais c’est quand même une hypothèse majeure)
Et il y aura aussi des accidents.
Quel est le réel but de ce… référendum ? Et d’ailleurs, en suit-il les règles ?
Si c’est le même genre de référendum proposé il y a quelques années par l’UE, lors du quel avec un minimum de connaissances informatique il était possible de voter de façon illimitée…
Nous n’avons pas pour l’instant de détails sur l’organisation, je vous tiendrai au courant. Rien dans la loi autorise une ville à organiser un référendum et se plier au résultat. Rien qu’en cela, cette expérience est à suivre.