Alors que j’arrive au bout de l’épisode « staphylocoque doré », une petite sirène me chantonne en écho à mon billet du 23 août 2021 : « Alors, épreuve ou aventure ? ». Cela fait plusieurs semaines déjà que j’entends sa musique ; la persistance de certaines douleurs m’ont fait reporter l’écriture de ce billet, ce d’autant que je me rends compte que j’ai plutôt vécu cet épisode-là en mode épreuve.
Ce n’est pas sa durée qui est en cause même si le séjour à l’hôpital est passé de trois à huit jours. Quand j’en suis sortie, l’infectiologue m’a dit « Vous pouvez vivre normalement. » J’ai eu tort de le croire tant la « vie normale » est une donnée bien subjective ; la douleur imprévue m’a immobilisée ; le manque d’appétit, la fatigue n’ont rien arrangé ; la persistance de douleurs musculosquelettiques au-delà des six semaines de traitement a ralenti la reprise de mes activités habituelles comme l’intensité de ma pratique sportive.
La nature de la maladie a sans doute joué également : l’idée d’un agent infectieux qui pouvait envahir mon métabolisme m’était beaucoup plus anxiogène qu’une blessure censément en voie de consolidation. L’immobilisation de quarante-cinq jours post-fracture était en outre prévue, organisée, compensée. Par contre, la douleur et l’apathie durant les six semaines d’antibiothérapie me sont tombées dessus sans que je ne comprenne, sans que je ne sache quoi faire pour reprendre ma vie en main.
C’est dans ce contexte d’impuissance non programmée que j’ai subi cette infection et ses conséquences métaboliques (et sociales), peinant à devenir actrice de la nécessaire résilience (« Faire quelque chose de ce qui arrive »). Je me suis accrochée à ce que je sais : se lever le matin, bouger, aller au judo même si c’est pour regarder, manger correctement, s’habiller, dormir, écrire si possible, m’appuyer sur mes amis… Cela n’a pas été suffisant ; incapable de me placer dans l’action directe contre le désordre métabolique, j’ai beaucoup subi, donc souffert physiquement comme psychologiquement.
Il s’agit aujourd’hui d’inverser la tendance, de reprendre la main, de reconsidérer ces quatre mois comme une aventure de manière à me sortir de l’accablement de l’épreuve. Cela vient petit à petit, notamment quand je me projette dans l’avenir : je ne dois plus oublier que la vie m’est une aventure quelles que sont ses épreuves. Je dois rester vigilante, m’ouvrir à ce qui vient, le facile, le difficile, et en faire quelque chose qui me grandisse et sollicite ma joie. Le défi est majeur. Je n’en veux aucun autre. Aucun.