À l’occasion de la Coupe du monde de football, je suis assez affligée par les discours lénifiants qui tournent autour de l’idée que « sport » et « politique » seraient antinomiques. Le président de la République en personne a déclaré « Il ne faut pas politiser le sport ». Ce ne serait déjà pas le cas ? J’ai entendu le sélectionneur de l’équipe de France, un homme plutôt réservé sur ces questions, faire remarquer que cette coupe avait eu lieu en Russie ce qui pourrait porter aujourd’hui à la critique… on peut aussi parler des Jeux olympiques en Chine, ou ailleurs.
Au-delà de ces seules circonstances, le sport professionnel joue un rôle essentiel dans l’organisation ultralibérale du monde, dans la consommation de masse, dans la surexploitation des ressources et l’aliénation des peuples… Faut-il le démontrer ? Cela me semble une telle évidence (ce qui n’est évidemment pas un argument). On va me servir bien sûr cet enfant d’un bidonville qui rêve de devenir tel champion, un ballon boueux au pied : je n’y vois que le creuset économique, social et culturel des inégalités ; mais je vois mal, c’est connu.
Quant à nos « pauvres petits footballeurs », ces milliardaires en short et crampons qui seraient les otages d’équilibres géopolitiques qui les dépassent… En verra-t-on un qui aura le courage de dire non ? Encore faudrait-il qu’il renonce à ses privilèges ; autant dire que cet exploit-là n’est pas à l’ordre du jour. Pour le reste, je vous renvoie à mon communiqué de 2018 d’appel au boycott de la coupe du monde en Russie, communiqué que j’ai récemment republié sur ce blogue.