J’entre dans la mairie d’un ième arrondissement [non, je ne balance pas], canne de signalement en main. Sur ma droite, j’avise un homme assis à une table. Je me place face à lui ; il porte l’uniforme des agents d’accueil et de surveillance.
— Bonjour, monsieur, j’ai rendez-vous avec…
— Il faut aller à l’accueil.
— Qui est ?
— En face de vous.
— En face de moi, c’est vous.
— Non, en face.
— En face de quoi ?
De guerre lasse, il se lève, me fait faire demi-tour et me place dans une file d’attente devant un petit guichet à l’ancienne (une fenêtre dans un mur). Deux personnes sont devant moi. J’attends. Très vite, je sens une effervescence. Un monsieur devant moi s’agite en se tournant vers moi puis fait des gestes en direction de la vitre et revient à moi.
— Il faut entrer.
Je comprends que l’on m’a fait des signes qu’il traduit pour moi, comprenant lui que communiquer avec un déficient visuel à quelques mètres au travers d’une vitre ne fonctionne pas en mode gestuel. Il me prend le bras et me guide jusqu’à l’intérieur du bureau d’accueil dont la porte est à deux mètres du guichet. Là, une femme me demande ce que je veux. Je le lui indique.
— Vous connaissez son bureau ?
— Non.
— Il faut que vous…
Elle arrête sa phrase et, contrariée, me propose de m’accompagner. Ce que elle (en mode je ne sais pas faire). On attend l’ascenseur. Un texto arrive : mon rendez-vous m’indique être en retard et me propose de l’attendre dans le hall. J’en informe mon accompagnatrice, ravie de ne pas crapahuter dans les étages. Nous revenons dans le hall (dix mètres) et elle me propose de m’asseoir « là ».
— Où ?
— Juste là.
— Mais encore ?
— La petite chaise, par là.
La chaise doit être trop petite pour que je la voie. Je ne bouge pas. La dame finit par comprendre et me guide derrière le pilier qui cachait la chaise de taille normale.
Merci madame !