Bigleuse @137

Il s'agit d'un simple carré blanc.
Si le contenu de cette illustration vous interroge, profitez-en pour réfléchir à votre condition visuelle.

Dans Tu vois ce que je veux dire, j’évoquais les effets délétères de la pensée judéo-chrétienne sur la perception du handicap, celle qui veut que l’on « frappe de cécité » le mécréant, ou que Jésus « guérisse » l’aveugle et le paralytique en les exonérant de leurs « péchés ». La personne est donc handicapée car elle aurait commis une faute, un péché ; le handicap est une punition (divine). On trouve là, à mon sens, ce qui permet à l’inconscient valide de justifier les maltraitances à l’égard des handicapés, de cautionner le défaut de mise en accessibilité, de nourrir la contemption, d’en appeler à la sécurité (de qui exactement ?) pour autoriser l’enfermement, de se prévaloir de l’impuissance humaine pour ne pas agir… Ces créatures que Dieu n’a pu sauver, comment nous, pauvres humains valides, pourrions-nous le faire ? Le combat contre le mal est perdu d’avance ; alors on passe son chemin.
J’exagère ? Peuple de gauche, regarde-toi droit dans les yeux tant que la DMLA ne t’aura pas privée de ta vision centrale ; et dis-moi pourquoi tu restes immobile face aux atteintes à l’autonomie (qui n’est pas autre chose que la liberté) même quand agir est simple… par exemple en décrivant tes images sur Twitter.
— Arrête de râler ! Tu ne sais faire que ça, râler. C’est pas très positif !
C’est toi qui dis ça, Caddie ?
— Bah non, c’est l’inconscient collectif valide !
Je sais Caddie, je sais. Et puisque l’on parle de Twitter, d’aucuns auront sans doute remarqué que les comptes de personnes handicapées parlent le plus souvent de handicap, ou plus exactement de ce que le validisme en fait. À croire effectivement que les « pour-çà » n’ont que leur handicap à la bouche et les souffrances induites. Ne peuvent-ils pas s’intéresser au reste du monde, à la guerre, au dérèglement climatique, à la cuisine moléculaire, à la beauté des choses, à l’art même ! (non, pas le foot ; l’inclusion doit avoir ses limites)
— Mais c’est que des trucs inaccessibles !
Tu rigoles Caddie ? Quand tu te prends une roquette ou un orage sur le coin de la figure, handicap ou pas, c’est… pas pareil ! Et quand tu visites un musée, tu… ne sais pas ce que tu vois. Quant à prendre le train pour partir en vacances ou acheter une pâtisserie dans une boulangerie bondée…
— Ce n’est pas bon pour ton cholestérol.
D’accord Caddie, on oublie la religieuse au café et on va se faire une petite messe rédemptrice… dès que l’on trouve un missel en gros caractères.
— Hajime !

 

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