Biodiversité @8

[Blogue V1 2010-2022 – Réédition]

Une pétition circule pour demander que les organisations publiques parlent de « droits humains » en lieu et place de « droits de l’homme », considérant que ce « l’homme » n’inclut pas les femmes, même avec une majuscule (d’ailleurs fort discutable pour lui faire désigner les êtres humains des deux sexes). Pourquoi pas ? Mais alors, pourquoi substituer un adjectif (humain) à un substantif (homme) ? Ne pourrions-nous pas parler de « droits de l’humain » ou « droits des êtres humains » ? On désigne ainsi les droits de personnes que sont les humains plutôt que dire aux droits qu’ils le seraient, humains.
Car qu’est-ce qu’un droit « humain » ; ce ne me semble pas être un « droit personnel » (attaché à la personne) ? Par exemple, c’est un droit humain que de donner à un animal celui d’être tué sans souffrance ; ce le serait aussi pour les êtres humains aussi, d’ailleurs. Pour autant, quand on applique ce droit à un animal il ne me semble pas qu’on lui confère avoir un « droit de l’humain » ; ou alors, on entre dans des débats de droit qui risquent de sacrément bouleverser l’ordre des choses.
Ce n’est pas un problème en soi, de bouleverser l’ordre des choses. Mais, en l’espèce, il me semble que ce choix de « droits humains » obéit à une facilité de langage qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses choix lexicaux, une facilité de langage directement issue du globish, cette langue à deux balles qui nivelle par le bas nos manières de penser. Car si je tape « Droits de l’homme » dans n’importe quel outil de traduction, j’obtiens « human right ». Devons-nous céder nos revendications féministes à l’impérialisme culturel américain ?
En ce qui me concerne, ce sera non. Et tant que l’on ne me parlera pas de « droits de l’humain », je ne signerai aucune pétition.