Un compétiteur en parataekwondo est arrivé aux Jeux paralympiques avec une blessure récente au genou. Dans le documentaire pathétique, insipide et chauvin de France 2, Au cœur des jeux, cet athlète explique les conditions de sa compétition, comment il a tenté de ne pas utiliser sa jambe blessée, l’a finalement utilisée et s’est blessé un peu plus. L’image d’un athlète au sol perclus de douleurs est terrible. À mon sens, ce qui est montré quelques secondes avant ne l’est pas moins.
Alors qu’il souffre déjà, sans doute le martyr, toute personne ayant eu une blessure des croisés pouvant le comprendre, il vient chercher du réconfort auprès de son entraîneur qui lui dit : « Y a pas de douleur ! » La méthode Coué est un vrai remède en matière de douleur tant il est établi que si l’on a mal, c’est que le cerveau nous en informe. C’est ainsi que certains paraathlètes se mutilent pour améliorer leurs performances sans ressentir aucune douleur puisque la connexion entre la partie du corps mutilée et le cerveau ne se fait plus.
Gérer une douleur, notamment chronique, est très compliqué (difficile). Une fois que l’on s’est bourré d’antalgiques, que l’on a pioché du côté des opiacés et autres substances délétères, si l’on souhaite s’éloigner de ces cache-misère pour reprendre possession de son corps, on se rend rapidement compte que dire à son cerveau de ne pas nous informer de cette douleur est une gageure. Bouger, faire du sport, s’occuper au maximum permet de petites déconnexions. Cela fonctionne le jour, pas la nuit. Si l’on écoute les malades, certains se tournent vers l’acupuncture, le yoga, la méditation, les granules de sucre, les plantes, et autre « thérapies » soi-disant naturelles parfois au péril de leur santé mentale et financière, ces secteurs étant phagocytés par des gourous de la pire engeance.
Je ne suis pas opposée par principe aux soins non allopathiques, ne serait-ce que parce que, sortis d’une logique sectaire, force est de constater qu’ils font du bien à un certain nombre de gens même si l’on ne sait pas trop pourquoi. Qu’importe d’ailleurs qu’on le sache, ce qui est essentiel c’est que le patient trouve un équilibre et des outils qui lui permettent de gérer cette fameuse douleur.
Quant à cet athlète de parataekwondo, j’espère qu’il ne paiera pas trop cher son obstination à être présent à cette compétition en dépit de sa blessure car s’il y a peu de règles d’or en matière de douleur, il y en a une qui est si évidente que nous sommes nombreux à ne pas vouloir l’entendre. Je la tiens ma médecin traitante à l’époque où j’avais souvent des douleurs au ventre, et où je lui disais ça me fait mal « là » quand j’appuie. Sa réponse a été sans équivoque : « Eh bien ! n’appuyez pas. »