Après la destruction de Mayotte par un cyclone, la société civile s’est mobilisée à travers des dons en numéraire d’abord via la Fondation de France, mais aussi en nature grâce à la mobilisation de petites associations, comme ce club de foot. Forcément, chacun a besoin d’exprimer sa compassion à l’égard du peuple mahorais ; les dons apparaissent ici comme un moyen de ce faire.
L’article que je cite montre une première limite à ces dons en nature, leur acheminement jusqu’au canal du Mozambique. Cela coûte cher, très cher, et les associations qui se sont mobilisées n’ont pas les moyens de cela. Sans doute d’ailleurs qu’elles n’y avaient pas pensé avant de lancer des collectes. Ce ne sont pas des professionnelles de l’aide humanitaire ; ce sont des citoyens au cœur tendre.
Malheureusement, la tendresse du cœur n’est pas forcément un gage d’efficacité en matière de dons. Qu’y a-t-il d’ailleurs dans ces cartons ? Des produits de première nécessité… Mais comment se définit la première nécessité ? J’ai entendu dans un sujet de France Info que certains donnent des bouteilles d’eau. Est-il bien raisonnable que ces bouteilles d’eau traversent les mers jusqu’à Mayotte ? Forcément oui, puisque l’on nous dit que ces îles manquent d’eau ! Mais ces îles, qui sont également un département français, manquent surtout de moyens pour leur propre développement et mon petit doigt me dit que cela ne va pas vraiment changer.
Toutes les bouteilles d’eau, boîtes de conserve, tee-shirts et je ne sais quoi n’y changeront rien. Les habitants de Mayotte vont continuer à survivre dans des habitations de fortune avec de l’eau tous les trois jours et de l’électricité soumise au moindre coup de vent. La situation de ce département français, comme des autres départements et territoires d’outre-mer, ne peut pas évoluer favorablement car l’État français n’y a aucun intérêt pas plus que l’économie ultralibérale ; sans quoi, leur développement serait assuré.
Si l’on regarde bien la photo qui illustre l’article dont j’ai mis le lien, on remarque que la plupart des cartons utilisés pour stocker les marchandises récoltées sont des cartons Amazon. Sacré symbole ! Celui d’une consommation de masse qui alimente des dons de masse sans que ni l’une ni les autres ne soient interrogés sur leur utilité réelle et le sens qu’ils portent. Combien de cyclones faudra-t-il pour que l’on s’interroge ?