Pour garantir l’intimité des patients dans les box d’hôpital de jour où nous sommes trois, il y a des rideaux que les soignants peuvent ou non tirer. Ils le font en général au moment des soins, poser une perfusion, faire une piqûre, un prélèvement… On n’a donc pas d’images, mais on garde le son.
Je pensais vous avoir raconté cette fois où l’infirmier s’exclame à l’encontre de son patient (je ne retrouve pas le billet) :
— Je vous fais la saignée à droite ou à gauche ?
C’était au début de mes soins. J’étais fatiguée et encore contrainte par l’opération de mes cervicales. Je n’ai donc pas pu partir en courant et n’ai eu d’autre ressource que de monter le son de la musique dans mon casque. J’avais si peur de ce que je pourrais entendre ! C’est l’effet que peut me faire une bande son sans images car le film, je me le fais toute seule sans autre référence que mes angoisses et mes ressentis.
Cela ne vaut bien sûr pas que pour l’hôpital de jour. J’ignore ce qu’il en est des personnes qui ne sont pas déficientes visuelles ; j’imagine que c’est selon chacun et chaque circonstance ; mais, qui sait, cela est peut-être pire car je nourris une certaine habitude ? Le débat est donc ouvert : le son sans l’image, dans une situation source d’angoisse, c’est pire ou c’est mieux ?
Je pense que c’est pire.
Mais qu’est-ce qu’il en est de l’image sans le son en situation d’angoisse ?
Ou rien ? Pas d’image, pas de son ? …
Au fait, le texte, quand on en lit un, c’est une image ? J’ai plus l’impression qu’il s’agit d’une information en soit, sans vraiment passer par le sens de la vue. Et j’entends les mots en ma tête (plus ou moins fort, sans ou avec articulation interne, selon le moment). D’ailleurs, les son intelligibles me divertissent souvent, et de plus en plus, de la lecture…
À mon sens, le texte c’est du son ! 😉